Slovar s'est étonné cette semaine du manque de réaction
du MEDEF durant l'empoignade sur les 35H00. Il était donc important de signaler sa première réaction. Celle-ci a pris la forme d'un communiqué publié le 5 janvier, sur son
site Web : " Les 35 heures et le coût du travail : les vrais enjeux d'une compétitivité équitable "
Extraits : " (...) Le Medef souhaite que le débat se poursuive en intégrant les données
suivantes :
1/ La question du coût du travail ne saurait être sérieusement abordée sans une réflexion approfondie sur la protection sociale, sa gestion et son mode de financement.
Et de quelle façon ?
Quelques pistes ont été étudiées par le MEDEF, comme l'indiquait
Basta Mag se référant à un rapport analysé par Mediapart : " (...) Une couverture santé à 3 niveaux : une assurance maladie obligatoire a minima, une assurance maladie complémentaire (obligatoire ou facultative selon les versions) et une
assurance maladie supplémentaire libre. En clair, n’auront accès à une couverture sociale large que ceux qui ont les moyens de se l’offrir. « On abandonne à la Sécurité sociale les risques les
plus coûteux et sans doute non solvables, et on bascule sur les complémentaires tous les autres (...) "
Une habile façon de transférer quelques ressources aux banquiers et assureurs adhérents au MEDEF. Un transfert à "caractère
social" en quelque sorte !
2/ L'intégration définitive des allègements de charges dans le barème des cotisations
sociales doit être rapidement menée à bien. En effet, comme l'a indiqué récemment le
Conseil des prélèvements obligatoires sur la base des travaux du Trésor et de la DARES, toute suppression de ces allègements aurait des effets désastreux sur l'emploi.
Ces propos ne sont pas sybillins et sont même un chantage à l'emploi !
3/ Le concept d'une durée légale qui serait la même pour tout le monde et tout le temps est
obsolète. Il convient de faire confiance aux partenaires sociaux et de leur permettre de déterminer ensemble la durée optimum par branche ou par
entreprise (...) "
Ce qui par un heureux hasard correspond exactement aux propos tenus par Hervé Novelli dans une interview au Point le 6 janvier : (...)
on change radicalement la donne en revenant sur la durée légale du travail et on donne plus de latitude sur un certain nombre de domaines du droit social aux
entreprises. Et c'est aux partenaires sociaux que l'on confie le soin de fixer, par entreprise et par branche, la durée du travail adaptée (...)
"
Mais alors, si on excepte le sujet des allègements de charges, l'UMP et le MEDEF sont d'accord sur tout ? En fin de compte
oui. Et le faux "bras de fer" qui oppose Laurence Parisot à Hervé Novelli pourrait bien prendre fin ... sur le dos des salariés !
Car, pour ce qui est de "gagner plus en travaillant plus " Hervé Novelli suggère : " (...) En ce qui concerne les salariés qui ont aujourd'hui recours aux heures supplémentaires - ce n'est pas la majorité - et qui subiront une perte, on peut très bien imaginer une prime annuelle pendant un ou deux ans pour compenser, avec la réserve de 22 milliards ... Ce sera la négociation qui le dira
(...) "
On pourrait en rire, mais la réalité, c'est qu'au delà du fait que ce serait l'état, qui verserait cette éventuelle prime :
"(...) les salariés devront travailler 39 heures payées 35, soit une baisse de salaire de 11%(...) " - Documentissime
Mais qu'en pensent les premiers concernés, c'est à dire les français ?
Seraient-ils, comme l'affirment l'UMP et quelques "beaux esprits", prêts à renoncer aux 35H00 et pensent-ils, que cela
améliorerait leur quotidien ?
Il suffit de prendre connaissance d'une étude réalisée par Harris Interactive et publiés dans L'Humanité ce vendredi pour le
savoir.
Extraits : " Etes-vous tout à fait favorable, plutôt
favorable, plutôt opposé ou tout à fait opposé à la suppression des 35 heures ?
32% des Français se déclarent "tout à fait opposés"
24% "plutôt opposés"
26% se disent "plutôt favorables
18% "tout à fait favorables"
Conditions de travail
" Pensez-vous que si les 35 heures devaient être supprimées, cela
entraînerait une détérioration des conditions de travail
30% répondent "oui certainement"
25% "oui, probablement"
32% "non probablement pas"
13% de "non certainement pas"
" Bilan : cinquante six pour cent des Français sont opposés à la
suppression des 35 heures "- Source LCI
Ce qui explique, l'empressement des "réformateurs" de l'UMP et du MEDEF à solder les 35H00. Un peu à la façon ... des
retraites. Après tout, dans l'hypothèse d'une déroute électorale en 2012, ce qui aurait été pris ne serait plus à prendre !
Slovar
Crédit et copyright illustration
JIHO