Areva ment constamment. De plus, Areva se fiche de nous. Avec sa dernière pub, Areva continue comme avant, comme du temps de la Cogema...
Areva nous raconte une belle histoire, où le nucléaire succède logiquement au charbon et au pétrole, mais cohabite à part égale avec le solaire et l'éolien. Ben voyons. On franchit un cran dans le storytelling cachottier après la pub façon Sim City.
Le nucléaire, énergie d'avenir ?
Rappelons rapidement que le charbon est encore l'énergie n° 1 en Chine et aux États-Unis, même s'il est en perte de vitesse (Effets de Terre : Le charbon, un cadavre qui marque. En France et dans le monde entier, hélas, la hausse du prix du pétrole (qui est à 100 $ le baril, tranquillou) a rendu compétitif l'extraction des "gaz de schiste", dont les puits contaminent l'eau aux alentours (très complet dossier d'Owni). On est loin, si l'on n'y prend gare, de la fin des "énergies à CO2" comme le prétend Areva.
Le pétrole quant à lui, fait rouler voitures et camions dans le monde entier. Il fait voler les avions pour encore pas mal de temps. Il fait avancer les bateaux aussi. Le nucléaire ne représente que 2 à 4 % du total de l'énergie produite dans le monde. Je vous laisse calculer le coût et le risque si l'on veut ne serait-ce que doubler cette part, un coût astronomique et démentiellement dangereux en terme de pollutions et de prolifération si l'on arrive à, mettons, 20 %. Au premier qui répondra biocarburant agrocarburant, je lui rétorquerai qu'il faut des intrants chimiques pour produire ces carburants agricoles, sans parler de la question de la production de nourriture.
De toute façon, sachez qu'un jour il n'y aura plus d'uranium. Il s'agit en effet d'une ressource minière qui peut s'épuiser. Les Touaregs du NIger pourraient vous en parler, entre 2 cancers.
Enfin, la publicité Areva montre que pour cette entreprise (et c'est bien normal de son point de vue) ne conçoit la production énergétique que sous forme de centrales : centrale nucléaire, centrale éolienne offshore, centrale photovoltaïque... Je ne nie pas que la production centralisée en masse soit utile et importante. Néanmoins, en tant qu'écologistes, nous défendons une production décentralisée, seule à même de garantir l'autonomie énergétique des territoires et une sécurité maximale d'approvisionnement, au plus près du consommateur. Miracle : ça crée aussi plus d'emplois.
Arnaud Gossement décrypte cette pub pour Terra Eco et en tire 3 leçons dont en voici 2 (c'est moi qui souligne) :
Leçon n°2 : les sources d’énergie n’ont pas été exploitées de manière successive depuis l’apparition de l’Homme sur Terre. Le vent sert toujours à faire avancer nos voiliers, le bois brûle encore dans nos chaudières et l’hydroélectricité demeure la première source d’énergie renouvelable dans notre pays. De nouveau, le film d’Areva chasse toute complexité pour présenter une vision de l’histoire de l’énergie nécessairement fausse et simplement linéaire.
Leçon n°3 : le film est incohérent. En effet, les énergies éoliennes et hydraulique ne sont pas des « énergies avec plus de carbone » auxquelles aurait succédé une énergie (nucléaire) « avec moins de carbone ». En réalité, c’est seulement avec le charbon que le nucléaire pourrait tenter de mettre en valeur ses émissions de carbone. Même en procédant par tableaux successifs, la publicité ne peut convaincre de la logique de l’enchainement choisi.
Avant de conclure de manière très pessimiste :
Cette publicité intervient donc à un moment crucial de l’histoire, non pas de l’énergie mais d’Areva. A la veille d’une augmentation du prix de l’électricité, d’un vaste démantèlement ou renouvellement du parc nucléaire qui devrait coûter des fortunes, d’une redistribution des cartes avec EDF, Areva devait communiquer pour garder la tête hors de l’eau.
C’est fait et le résultat est certes brillant. Raison de plus pour décrypter ce qui n’est d’abord, ne l’oublions pas, qu’une opération de propagande. Cette campagne de publicité intervient d’ailleurs à un moment où une autre campagne, de dénigrement cette fois, est en cours contre les énergies vraiment renouvelables. C’est ainsi que l’éolien croule sous les recours en justice, que le solaire photovoltaïque vient de faire l’objet d’un moratoire, que ses acteurs sont qualifiés de spéculateurs, que ses investissements sont désormais qualifiés de « niches fiscales » ou d’instruments de « spéculation ».
La diabolisation des renouvelables et la banalisation du nucléaire participent d’un même mouvement.
À lire aussi, chez Écolo Info : Areva nous prend vraiment pour des quiches non ?
Les mensonges publicitaires du fournisseur français de déchets nucléaires ne datent pas d'hier. Souvenez-vous de ce spot où un sympathique Monsieur Cravate nous expliquait doctement que le nucléaire n'était pas dangereux et qu'après tout, le stylo du docte M. Cravate peut fournir une famille pendant un an.
Je vous laisse apprécier le gros mensonge final sur le recyclage, avec une phrase qui laisse entendre que la totalité du combustible est réutilisée à l'infini. La pédagogie simpliste a depuis été remplacée par un bon gros storytelling, avec toujours le même but : mentir.
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