Être urbaniste aujourd’hui
En l’espace de trente ans, les rapports d’échelle se sont transformés sous l’effet combiné de la restructuration de l’économie mondiale et du développement des réseaux techniques de transport et de communication. Les modes de production de l’espace ont-ils évolué dans le même sens ? En réponse, les urbanistes ont-ils adapté leur méthode de travail et d’investigation ? L’enjeu est pourtant de taille. L’espace, en tant que support matériel de la simultanéité sociale, adopte aujourd’hui d’autres formes que la contiguïté physique. Les découpages disciplinaires entre « le dedans » et « le dehors » et entre la grande et la petite échelle – qui ont conduit à la séparation des métiers d’architecte, d’urbaniste, de paysagiste et de géographe – doivent tomber. Notre domaine d’intervention est plus ouvert que jamais et nous devons apporter une ingénierie pragmatique à la structuration de l’espace et du temps.
Interroger les limites disciplinaires
Il y a nécessité aujourd’hui à interroger les limites et les lignes de démarcation dont nous avons hérité sans en avoir toujours conscience. L’urbanisme se définit à la frontière poreuse de différents domaines comme en témoigne ses relations avec l’économie, la technique et la société. L’urbanisme devient aujourd’hui l’art de traverser les frontières. Le terme de sculpture sociale, référence prise au plasticien Joseph Beuys, exprime l’idée que dorénavant le processus de conception compte autant que le résultat.