Un an après, le pays souffre encore du séisme. Les écrivains racontent, brillamment, le chaos.
VALÉRIE MARIN LA MESLÉE
“Que peut la littérature ? Rien mais surtout pas se taire”, écrivait Lyonel Trouillot dans le recueilHaïti parmi les vivantsqueLe Pointa coédité avec Actes Sud. Après le séisme du 12 janvier, celui qui compte parmi les plus grands écrivains d'Haïti a envoyé chaque jour auPoint.frsa chronique depuis Port-au-Prince. Dany Laferrière et Michel Le Bris, revenus sains et saufs du festival Étonnants Voyageurs qui devait se tenir à Haïti à ce moment-là, ont, eux aussi, participé au témoignage. Et dans l'atelier d'écriture du Jeudi, animé dans la capitale haïtienne par Lyonel Trouillot, chacun brisait sur la page le silence de ces morts innombrables… Le recueil rassemble ses écrits et, un an après la catastrophe, les bénéfices des ventes du livre ont permis de mettre en route la construction d'un centre qui accueillera une bibliothèque et de l'aide scolaire au sein du quartier Delmas où vit Lyonel Trouillot.
Un an après, le pays va très très mal. Qu'y peut la création ? Elle a toujours surgi du chaos haïtien.Chaos Babel, comme l'écrit le grand poète Frankétienne. Dire et partager, faire sens quand, tout autour, rien ne tient plus debout. “Tout bouge autour de moi”, raconte Dany Laferrière dans un récit tout en pudeur, chant d'amour à son pays natal. Un an après, la littérature se relève des décombres, bravant tout, vivante comme cette adolescente sortie de sa tente pour aller faire la fête. En voyant, trois jours après le séisme, une jeune fille se faire tresser les cheveux dans un camp, Yanick Lahens écrit dansFailles: “Je me suis dit que, quand les jeunes filles veulent encore être belles pour courir au-devant du désir et des mots à fleur de peau, tout espoir ne peut être perdu.”
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