« Le phénomène qui va marquer la décennie, ce n’est pas tant la crise des finances de la Sécurité sociale, qui est identifiée et soluble, mais la crise de l’accès aux soins », pronostique Mathias Matallah, président du cabinet de conseil en santé Jalma. Car le temps que peut consacrer un médecin à chaque patient diminue au moment où les maladies chroniques augmentent du fait du vieillissement. Rapporté à la population de plus de 60 ans, il devrait décroître de 30 à 40% dans dix ans qui viennent.
La télémédecine (l’application à la santé des nouvelles technologies) est une réponse à cette pénurie, dans la mesure où elle permet de libérer du temps médical, en automatisant certaines tâches routinières (prise de tension, détermination des dosages).
Les maladies chroniques, qui nécessitent une interaction très régulière avec les soignants, sont un terrain d’application idéal, comme l’illustre le projet Vigisanté, retenu à l’issue d’un appel à projets du ministère de l’Industrie. Porté par trois groupes de protection sociale, Malakoff Médéric, Vauban Humanis et D&O, c’est un programme d’accompagnement des personnes atteintes d’hypertension artérielle, une pathologie cardio-vasculaire qui concerne près d’un quart des Français de plus de 18 ans.
L’expérimentation sera déployée à partir de cet été dans le nord de la France, avec le soutien de l’Agence régionale de santé, auprès de 13.500 salariés.
Dépistés en entreprise sur la base du volontariat, les patients hypertendus se voient proposer un suivi à domicile au moyen d’outils communicants : un auto-tensiomètre et un pilulier électronique. Les données (tension et observance médicamenteuse) sont transmises à un « système expert » auquel ont accès le médecin traitant et une plateforme d’infirmières. Ce programme permet « d’enrichir la relation médecin patient », estime Isabelle Hébert, Directrice des Marchés Santé et Prévoyance chez Malakoff Médéric. Le médecin pourra contrôler sur la durée la tension et vérifier l’efficacité de ses prescriptions.
L’originalité de Vigisanté est de croiser la télémédecine et une nouvelle approche du suivi des maladies chroniques, que la Caisse nationale d’assurance-maladie expérimente depuis deux ans à travers Sophia, un programme d’accompagnement des diabétiques de type 2.
La CNAM s’est appuyée sur l’expérience américaine du « disease management », qui consiste à faire du patient un acteur de sa propre santé, en l’incitant à suivre son traitement et adopter une meilleure hygiène de vie, afin de prévenir les risques de complication.
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