Ces tragédies sont celles de l’histoire, la grande et la petite, celles d'hier mais aussi, on le devine, celles de demain car nous sommes ici dans l’éternel recommencement, celui du mal, de la vie qui n’est qu’ambiguïté et paroxysme.
Tout commence par un petit événement genre fait divers et tout finit en apothéose quand explosent les conséquences laissées par les catastrophes et les tragédies du siècle dernier , celles du pacifisme, du nazisme et du communisme, annonçant déjà les prochaines, celles de ce siècle-ci encore tout neuf!
Ce roman n’est qu’un long crescendo vers un épisode final des plus surprenants.
Le dernier mot sera donné par Denis, l’ancien reporter qui a vécu de près les événements majeurs du siècle. S’adressant aux victimes, il donne sa vision de la cruauté du monde. Est-elle aussi celle de l’auteur ?
« …Quand vous avez perdu la lumière vous avez pris sur vous l’inhumanité du monde, pas seulement celle de ce jour de juin mais celle qui s’est déployée dans tous les conflits depuis le temps d’avant le temps, depuis Hector et Achille, depuis que des errants luttent pour posséder un sol et que des sédentaires prétendent le garder.
Vous nous avez tous fait naître à nouveau à notre condition humaine, vous avez fait le voyage au bout du mal à notre place. …Sans guerre il n’est pas de civilisation, sans barbarie, pas d’humanité, parce que nous ne fabriquons les antidotes que face à la maladie.
Et rien n’est fini »
C’est un grand livre pour moi, un beau roman, pas toujours facile, mais un récit complexe et beau fait de tragédies contemporaines pour mieux atteindre l’éternelle et douloureuse condition humaine intemporelle.
Avec des mains cruelles , Michel Quint Joëlle Losfeld, 2010 - roman.Autre livre lu de cet auteur: Effroyables jardins