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King kong theorie

Publié le 18 janvier 2008 par Lorraine De Chezlo
KING KONG THEORIE de Virginie Despentes
Essai, manifeste - 155 pages Editions Grasset - septembre 2006
Virginie Despentes écrit pour donner un son de cloche différent dans la conception que notre société se fait des rapports entre hommes et femmes, de la prostition et du viol. Certes, elle a été violée, a ensuite été prostituée. Mais au travers de son vécu, elle analyse et balaye les discours bien-pensants.
Il y a bien longtemps que je voulais le lire, et je ne suis pas déçue. Si King Kong Théorie est parfois qualifié de manifeste féministe, il ne faut pas le lire en essai anti-hommes. Virginie Despentes tient à défendre ceux qui ne se retrouvent pas dans les standarts imposés, aussi bien les femmes que les hommes "qui ne savent pas se battre, ceux qui chialent volontiers, ceux qui ne sont pas ambitieux, ni compétitifs, ni bien membrés". Mais ce qui l'agaçe par dessus tout, ce sont ces diktats qui pèsent que les femmes et qui font que l'"on est embarrassées de nos puissances. Toujours fliquées par des hommes squi continuent de se mêler de nos affaires et d'indiquer ce qui est bon ou mal pour nous, mais surtout par les autres femmes, via la famille, les journaux féminins, et le discours courant. Il faut minorer sa puissance, jamais valorisée chez une femme : "compétente veut encore dire "masculine"." Alors pour rassurer la pensée dominante, l'excès de faminité, de sensualité, de soumission féminine déferle sur les médias et dans l'univers publicitaire. Un simulacre que les femmes se sentiraient obligées d'opérer pour "tromper l'ennemi".
L'auteure souhaite également que l'on considère le viol autrement, non pas comme une fatalité dont on ne devrait pas ni se prémunir - avec violence s'il le faut - ni se remettre ensuite. Elle, elle aurait préféré être capable d'être brutale, "plutôt que vivre en étant cette personne qui n'ose pas se défendre, parce qu'elle est une femme, que la violence n'est pas son territoire, et que l'intégrité physique du corps d'un homme est plus importante que celle d'une femme". Elle s'est sentie désagréablement femme en étant si faible.
Ses points de vue plus ou moins pertinents ne manquent pas. S'agissant de la prostitution, elle reconsidère le travail sexuel comme socialement anormal puisque ce service féminin se doit d'être bénévole, au risque de rentrer en compétition déloyale avec le contrat de mariage, moins indépendant...
Cette lecture est indéniablement très intéressante, un regard intelligent sur ces tabous ou ces cultures sexuelles qui ne peut que nous être bénéfique. Ses mots, simples et précis, traduisent vraiment son indignation et sa clairvoyance. En manière de féminisme, de parité, d'égalité socio-culturelle, on a encore du pain sur la planche. Toutes et tous...Les avis de Sybilline et Evanthia - Lecture & EcritureDespentes : anarcho-féministe - Le magazine.info

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