Pourquoi l’Espagne est-elle le pays qui compte le plus grand nombre de coopératives de travail en Europe ?« On pourrait résumer la force du modèle espagnol en sa capacité à répondre à la diversité des besoins de celles et ceux qui entreprennent collectivement dans un projet partagé, sa plasticité et son adaptabilité aux contextes régionaux, historiques, sociaux, culturels et son évolutivité dans le temps ». Patrick Lenancker Président de la Confédération Générale des Scop
En France, le nombre de sociétés coopératives et participatives est en plein essor et de plus en plus de porteurs de projets aspirent à entreprendre et travailler dans le cadre d’une gouvernance.
Les Scop ont su innover pour s’adapter aux nouveaux enjeux économiques et sociaux avec la mise en place des CAE ( Coopératives d’Activités et d’Emploi) notamment et les SCIC semblent porter une réponse en adéquation aux enjeux des circuits courts, des énergies renouvelables et bientôt de la santé.
CE QUE L'ON PEUT RETENIR DE CE DOSSIER :"Le paysage coopératif en Espagne ressemble à un manteau d'Arlequin; coloré et composé de pièces très diverses... de l'autre côté des Pyrénées, il peut y avoir des différences non négligeables entre une coopérative de travail associé de catalogne et une entreprise de travail associé andalouse, sans parler des points de divergence avec une sociedad laboral (Sal ou Sales au pluriel) de Galice, un autre modèle d'entreprise participative... Si des lois nationales pour les coopératives et les Sales fixent le cadre général, des lois régionales favorisent l'adaptation au niveau local...Cette adaptabilité des principes coopératifs aux contextes régionaux différents des entrepreneurs est l'un des facteurs qui a permis un essor de ce modèle unique en Europe..."Il existe une différence fondamentale entre les coopératives et les Sales, explique Isabel Vidal, présidente du CES, centre de recherches sur l'économie et la société à Barcelone...Les premières sont, comme les Scop, des sociétés de personnes (1 personne = 1 voix)tandis que les deuxièmes sont des sociétés de capitaux (1 euro = 1voix)... Mais dans les 2 cas, ce sont les salariés-associés qui détiennent la majorité du capital et donc, prennent les décisions... De même, les Sales se sentent comme les coopératives pleinement partie prenante de l'économie sociale espagnole... avant 1997, elles auraient conquis leur légitimité économique en reprenant des entreprises, notamment publiques, en difficulté...Petit à petit les Sales sont devenus un modèle de création et de reprise d'entreprises à part entière...En 1997, les Sales ont connu un nouvel essor avec la création du statut de société à responsabilité limité...Comme en France, c'est bien le sociétariat qui marque en grande partie l'identité coopérative, que ce soit en coopérative de travail ou en Sal, mais aussi en coopérative d'agriculteurs ou de consommateurs...En Espagne le sociétariat respecte des règles très strictes, en fonction du nombre d'associés... (une coopérative de moins de 25 associés ne peut employer qu'un maximum de 25% de travailleurs non membres... si elle a plus de 25 associés, la limite est à 15%...)En revanche elle peut employer des personnes en CDD ou des intérimaires... et il y a actuellement un débat en Espagne pour évaluer quel est le niveau acceptable du nombre d'emplois intérimaires et précaires dans les coopératives"...
Une loi sur l'Economie Sociale :" Une loi sur l'économie sociale devrait être votée d'ici la fin de l'année en Espagne. Elle a été adoptée le 16 juillet dernier... c'est une loi qui veut redonner un cadre général pour le secteur, étant entendu que les régions autonomes constituent par subsidiarité, de fixer les modalités pratiques...A l'origine du texte, il y a plus directement les demandes du CEPES, la Confédération des entreprises de l'économie sociale, et les travaux d'une sous-commission parlementaire...Ce texte, qui a pour objectifs premiers d'assurer une reconnaissance, une sécurisation juridique et une meilleure visibilité du secteur, donne une place toute particulière aux coopératives... présentées comme exemples d'entreprises qui donnent la primauté aux personnes et à la finalité sociale, avec une gestion autonome, démocratique, transparente et participative"....
Entretien avec José-Maria Algora, président de la Confesal "Dans une période où l'économie espagnole détruit beaucoup d'emplois, les Sales représentent 30% des emplois créés dans l'économie sociale...Aujourd'hui, les Sales sont un modèle de choix, à la fois pour maintenir des entreprises affectées par la crise et pour que les personnes créent leur propre emploi dans un cadre collectif...Au même titre que les autres structures de l'économie sociale, les Sales ont un soutien a la fois du gouvernement central et des régions autonomes....La future loi sur l'économie sociale est un pas important dans la reconnaissance du secteur et de ses atouts sociaux par le gouvernement... dans le même temps, la Confesal va continuer à lutter pour des améliorations de la loi sur les Sales, pour l'adapter au nouveau contexte économique et en faire un modèle de qualité capable de créer de l'emploi stable"...
Entretien avec Antonio Pedreno, président de la Coceta
"En Espagne les coopératives de travail sont parfaitement intégrées au monde économique... plus que le nombre de structures... ce sont les valeurs et les principes transmis au reste de l'économie qui sont importants : démocratie, participation, égalité, respect de l'environnement, etc...Avec la loi sur l'économie sociale, l'économie sociale va acquérir une nouvelle représentativité auprès des autorités du pays... ce qui devrait aboutir à une harmonisation de nos modèles...
Echanges coopératifs franco-espagnols :"La réflexion partagée à partir de pratiques et d'expériences est un terreau favorable à l'innovation permanente nécessaire au maintien ou à l"accroissement de la compétitivité... C'est au fil de projets européens sucessifs que la CG Scop a construit et consolidé ses relations avec les confédérations espagnoles Confesal et Coceta.Le partage profite bien sûr aux acteurs et aux organisations. Il peut permettre l'adaptation et le développement d'outils et de méthodes inspirés de pratiques qui ont fait leurs preuves dans un contexte similaire. Il nourrit également le réflexion des organes politiques des Confédérations qui ont un rôle à jouer dans l'évolution des politiques publiques, aux niveaux national et européen...
SOURCE : Participer le Magazine des sociétés coopératives et participatives
EN SAVOIR PLUS :Téléchargez l'article intégral : "Bilan des Scop 2009 : La crise ralentit la croissance" paru dans Participer n°635 avril-mai-juin 2010. Panorama de l’économie sociale et solidaire 2010. Finansol publie le 8ème Baromètre annuel de la finance solidaire. Le Groupement National de la Coopération publie un guide de la société coopérative européenne .