Anonymous, au service de la liberté d'expression

Anonymous est un groupe de hackers composé d'individus non-identifiés qui appellent les internautes à s'engager au nom de la liberté d'expression sur internet. Après s'être rappelé au bon souvenir des censeurs pendant l'affaire Wikileaks, Anonymous  a lancé des cyber-attaques qui ont visé le site de l'agence tunisienne de l'Internet, celui du gouvernement tunisien ou encore celui de la banque Zitouna. Anonymous reproche également aux grands médias internationaux de ne pas évoquer suffisamment la situation en Tunisie. «Il est de la responsabilité de la presse libre et ouverte de relater ce que la presse soumise à la censure ne peut pas rapporter. Le peuple de Tunisie nous a demandé son aide et nous avons répondu en lançant une nouvelle opération, Opération Tunisie», annonce ainsi une lettre ouverte des «Anonymes» diffusée sur la toile.

Grâce à la toile, "on découvre une société civile vivante, en marge des partis politique», note toutefois Souhayr Belhassen, présidente de la Fédération internationale des ligues des droits de l'Homme (FIDH), à Paris. «Internet a servi d'instrument de mobilisation de la société civile. C'est un moyen de communication dont la vitesse dépasse celle des autorités». En cela, Internet est grandement réjouissant qui fédère les actions hors frontières et permet de mobiliser les internautes rapidement et en grand nombre pour contourner la censure et faire circuler l'information. 

En 2008, Anonymous avait lancé un raid massif des internautes contre l'église de scientologie qui avait tenté de censurer la diffusion d'une vidéo montrant Tom Cruise en plein délire mystique en prétextant une violation des droits d'auteurs. Cette nouvelle forme d'action citoyenne déstructurée, informelle, mouvante pourrait être considéré comme le germe d'un nouveau type d'action de résistance.

Même si l'indignation est une étape nécessaire dans la vie politique, économique, publique, rien ne remplacera l'action. Dans un superbe papier publié dans Le Monde le 8 janvier, Edgar Morin écrit : "C'est également en 2010 que s'est manifestée une grande force de résistance informatrice et démocratisante, comme en Chine, et durant la tragique répression qui a accompagné l'élection truquée du président en Iran. Enfin, la déferlante WikiLeaks, force libertaire ou libertarienne capable de briser les secrets d'Etat de la plus grande puissance mondiale, a déclenché une guerre planétaire d'un type nouveau, guerre entre, d'une part, la liberté informationnelle sans entraves et, d'autre part, non seulement les Etats-Unis, dont les secrets ont été violés, mais un grand nombre d'Etats qui ont pourchassé les sites informants, et enfin les banques qui ont bloqué les comptes de WikiLeaks. Dans cette guerre, WikiLeaks a trouvé des alliés multiples chez certains médias de l'écrit ou de l'écran, et chez d'innombrables internautes du monde entier."....

"Ce qui est remarquable est que les Etats ne se préoccupent nullement de maîtriser ou au moins contrôler "le marché", c'est-à-dire la spéculation et le capitalisme financier, mais par contre s'efforcent de juguler les forces démocratisantes et libertaires qui font la vertu d'Internet." 

Anonymous participe à ces actions démocratisantes et libertaires qu'évoquent le sociologue. Le phénomène est balbutiant mais non négligeable... Il est passionnant d'en être. 

"Les nuits sont enceintes et nul ne connaît le jour qui naîtra."

Ce magnifique proverbe turc  clôt l'article d'Edgar Morin... Merci à lui, pour ce message d'espoir. Lire son article