On ne voulait l'écrire, pas trop vite en tout cas. Par respect pour les supporters, dignes et combatifs, pour les joueurs aussi. Mais il faut désormais s'attendre au pire pour Bourgoin.
Les larmes aux yeux de Jean-Baptiste Coux lors de l'interview d'après match hier contre La Rochelle faisaient peine à voir. Et le bras d'honneur de Mickaël Forest au public, lors de son remplacement à la 47ème minute de la rencontre, pour condamnable qu'il soit, reflète le désarrois des joueurs, dont certains sont viscéralement attaché au club de Bourgoin.
Il faut maintenant se résoudre à envisager le Top14 sans le CSBJ l'an prochain. Car la situation sportive est quasi-désespérée, et les finances du club trop compromises pour ne pas, de surcroît, craindre une double sanction pour l'équipe-phare de la région Rhône-Alpes, à savoir une décente non pas en ProD2 mais en Fédérale 1.
En perdant son match à domicile face à La Rochelle, concurrent direct au maintien, et ce sur un score sans appel (14-44), le CSBJ a vraisemblablement scellé son destin. D'autant que le président Gaston Maulin a indiqué que le club ne ferait pas appel de la décision de la LNR de lui retirer 5 points, sur proposition de la DNACG.
La conséquence immédiate de cette situation est de transformer le Top14 en Top13. Même si Bourgoin a de l'orgueil et ne laissera pas filer ses matchs, que ceux-ci ne seront pas forcément synonymes de victoire pour les adversaires, on peut estimer que désormais, la course au maintien se jouera sur une seule place au classement, la 13ème. Et, pour l'instant, trois équipes sont au coude à coude pour éviter d'accompagner le CSBJ à l'étage inférieur.
Dans ce mini-championnat, la cote d'Agen, sévèrement battu à Biarritz sur un score de basket (22-65) est fragile. En l'emportant à Bourgoin, La Rochelle s'est donné un peu d'air, mais on sent bien que le deuxième fauteuil pour la descente se jouera entre Agenais et Rochelais. Brive, qui alterne le bon et le moins bon, est actuellement sur une période positive, comme en atteste son succès dans le derby qui l'opposait à Clermont, vendredi dernier. Et le potentiel des Coujoux paraît un tantinet supérieur aux "Maritimes", en particulier s'agissant du paquet d'avants. Et on sait combien, en Top14, ce paramètre est primordial.
Mais rien n'est joué, c'est évident. Après tout, on a déjà connu des renversements de situation et des effrondements qui ont coûté leur place en élite à des clubs pourtant bien armés sur le papier.
Malheureusement pour Bourgoin, le mal est trop profond, le déficit de points trop important.
Et c'est une nouvelle forteresse du rubgy hexagonal qui menace de s'écrouler, comme Lourdes ou Béziers avant elle. Ce qui pourrait permettre au club Isérois de s'en sortir réside peut-être dans le fait qu'il n'y a pas pléthore d'équipes de haut niveau dans une région très férue de rugby, où les partenaires économiques peuvent décider de miser quelques billets sur l'ovale.
Certes, il y a la concurrence du puissant voisin Lyonnais, qui verra peut-être dans la chute Berjalienne l'occasion de prendre le leadership rugbystique régional. Mais le passé de Bourgoin, son aura de club formateur (de Cécillon à Chabal en passant par Parra et tant d'autres) et son public de passionnés sont autant d'atouts pour faire renaître Bourgoin au plus haut niveau.
Pour autant, tout cela, à l'heure actuelle, pèse bien peu dans la détresse des supporters Berjalliens et la tristesse de tous les amateurs de rugby.