Solitude
C’est la Solitude maintenant qui vient la nuit,
A la place du Sommeil, s’asseoir près de mon lit.
Telle une enfant fatiguée je repose et guette ses pas,
Je la regarde doucement souffler la bougie.
Elle reste assise, immobile et sans bruit,
Lasse, si lasse, laissant tomber sa tête.
Elle aussi est vieille; elle aussi a livré le combat.
De feuilles de laurier son front est couronné.
Dans l’obscurité morne, la marée lentement descend,
Se brise inassouvie sur la rive stérile.
Un vent étrange passe… puis, le silence. Je voudrais
Me tourner vers elle, la prendre par la main,
La serrer dans mes bras et attendre ainsi
Que la terre stérile soit remplie
Par la terrible monotonie de la pluie.
***
Loneliness
Now it is Loneliness who comes at night
Instead of Sleep, to sit beside my bed.
Like a tired child I lie and wait her tread,
I watch her softly blowing out the light.
Motionless sitting, neither left nor right
She turns, and weary, weary droops her head.
She, too, is old; she, too, has fought the fight.
So, with the laurel she is garlanded.
Through the sad dark the slowly ebbing tide
Breaks on a barren shore, unsatisfied.
A strange wind flows… then silence. I am fain
To turn to Loneliness, to take her hand,
Cling to her, waiting, till the barren land
Fills with the dreadful monotone of rain.
(Katherine Mansfield)