Magazine

La solution: l’exhortation de Stephane Hessel: “Indignez-vous!”

Publié le 09 janvier 2011 par Chantalserriere

Aisément reconnaissable (bravo Béné!), l’exhortation de Stephane Hessel est un pied de nez à tous les clowns tristes de l’intelligentsia bien-pensante, les dérisoires Luc Ferry, les pauvres Assouline et consorts que leurs seules provocations élitistes ravissent en autarcie nombriliste.

indignez-vous-stephane-hessel.1294502429.jpg

Ouf! On respire un peu mieux en ce début d’année, malgré le pic de la grippe saisonnière et les aléas de la crise. Et le public ne s’y trompe pas qui porte sa préférence à un mince fascicule rédigé par un très vieux monsieur devenu la coqueluche des plateaux télévisés, parce que l’expression du bon sens, rédigée de manière claire (”ce qui se conçoit bien, s’énonce clairement et les mots pour le dire arrivent aisément”), offre un peu d’espoir au coeur du marasme ambiant.  En incitant le citoyen à s’indigner, Stephane Hessel redonne à chacun la place qui est légitimement sienne dans la cité. Le verbe pronominal restitue aux hommes et aux femmes dépossédés le miroir réfléchissant leur statut d’acteurs sociaux. Car ce ne sont pas les intellectuels patentés qui s’indignent pour eux, mais bien eux, c’est à dire, vous, moi, nos voisins, les passants qui passent dans nos rues surpeuplées, les voyageurs harrassés du métro quotidien, et les autres, sans bagages, et encore ceux-là, sans abri, et ceux venus d’ailleurs, et ceux qui se battent en des lieux de guerre si proches et si loitains, nous tous  à qui dignité est rendue en 25 pages si brèves, et qui nous emparons de l’indignation, l’éprouvons,  bref, agissons, enfin, en notre propre nom.

Et ce vieux monsieur-là, pour inconnu qu’il soit de ce public qu’on dit grand, lorsqu’il est anonyme et vaste comme la mer toujours recommencée, n’est pourtant nullement n’importe qui. Une vie consacrée à la défense des droits de l’homme, une conviction profonde en la pratique résistante, non pas celle des faux héros dont les actes inconscients tapissent l’imagerie des légendes imposées aux peuples crédules, mais bien celle de l’engagement dans les gestes de la vie quotidienne, pour assurer aux hommes de demain, un avenir décent. Tant de combats modestes et indispensables restent à mener!

La vie de Stephane Hessel dont un certain rapport sur la relation françafrique fut en son temps (Rocard était premier ministre) écarté par l’Elysée, est par ailleurs, en elle-même, un roman. Allez vérifier. Il est fils de “Jules et Jim ” (mais oui!) et par conséquent, de la belle Catherine, alias Jeanne Moreau. Sauf que sa mère s’appelait Hélène. Je n’invente rien.

Quelle généreuse idée, au soir d’une vie si remplie, d’accepter d’incarner, avec humour et force paisible, la figure morale qu’il révèle devant des concitoyens médusés, dans une société qui vacille parce qu’elle en est si tristement dépourvue.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Chantalserriere 119 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte