Henry Kane est né en 1918, avocat de formation il proposera ses premiers textes aux magazines Esquire et Metropolitan avant de se lancer dans l’écriture d’une soixantaine de romans, des polars, où il met en scène des détectives privés. En 1958 il participera à l’écriture de deux scénarios pour le cinéma, tirés de romans de Ed Mc Bain. Henry Kane écrira aussi des romans sous divers pseudonymes : Anthony Mc Call, Kenneth R. Mc Kay, Katherine Stappleton, Mario J. Sagola.
Avec Les carats sont rouges, traduction française de 1962, nous sommes dans le polar à l’ancienne tel que je n’en avais pas lu depuis une éternité. Non pas que je méprise le genre mais quand on a lu tout Dashiell Hammett, Raymond Chandler, Ed Mc Bain, goûté à Jim Thompson, Mickey Spillane et les autres dans sa jeunesse, on finit par se lasser.
C’est donc par hasard et étonnement que je me suis plongé à nouveau dans la fameuse Série Noire de chez Gallimard. Je n’ai pas été dépaysé, j’ai retrouvé tout ce qui fait le charme de ce type de roman, un détective privé (Peter Chambers, héros récurrent de Henry Kane apparu en 1947) affublé d’une secrétaire à lunettes Miranda Foxworth, des pin-up bien roulées autant que rouées « avec sa croupe provocante, sa poitrine explosive, ses cuisses engageantes, son pubis avantageux et son nombril délicatement incurvé, Sherry Greco constituait une invitation manifeste au viol », des verres d’alcool qu’on se verse à pas d’heure et des volutes de fumée de cigarettes qui embrument la vison de l’histoire, sans oublier bien entendu l’ingrédient essentiel, des cadavres et un zeste d’humour. Ajoutons y un vocabulaire devenu vieillot, les armes sont des « pétards » ou des « riflards » par exemple et nous voilà revenu aux grandes heures du roman noir et des films de la même couleur avec James Cagney ou Humphrey Bogart.
Une couronne sertie de pierres précieuses dérobée à un musée italien à la chute de Mussolini refait surface, tronçonnée en deux morceaux. Des acheteurs et des vendeurs qui cherchent à reconstituer ce puzzle à deux pièces, un film porno tourné à l’insu de leurs deux acteurs comme instrument de chantage, un détective avec des principes qui se balade à l’aise au milieu de tout cela, des cadavres et des pépées.
En gros, voilà résumée l’histoire dont on se fiche un peu. L’important étant de s’être replongé dans ce monde ancien, à feuilleter ce vieux bouquin aux pages épaisses et jaunies. Une lecture teintée de nostalgie plus que d’intérêt, deux heures et quelque de souvenirs ravivés, voilà qui me suffira pour cette fois.
« Au cas où certains d’entre vous, inspirés par cette lecture, éprouveraient l’irrésistible désir d’embrasser la carrière de détective privé, je tiens à les mettre tout de suite en garde contre l’interminable succession de jours creux qui sépare les périodes fastes, ce qui ramène la moyenne à très exactement … une moyenne. Vous voulez gagner de l’argent ? Inventez un nouveau papier hygiénique avec un parfum différent pour chaque jour de la semaine, et vous passerez le restant de vos jours dans votre fauteuil, à ramasser les bénéfices ! »
Henry Kane Les carats sont rouges Série Noire