Le congrès américain a changé le 1er janvier 2011. Les nouveaux élus de l’élection mi-mandat ont été assermentés et ont pris place à la Chambre des représentants et au Sénat. En très grand nombre, ce sont des Républicains. Dorénavant le parti républicain est majoritaire à la Chambre et a la responsabilité de gouverner. Au Sénat, les Démocrates ont maintenu leur majorité mais leur nombre a baissé. Le président Barack Obama aura donc plus de difficultés dans l’avenir à faire adopter ses réformes.
Les nouveaux représentants ont été élus suite un mouvement anti-déficit et anti-dette qui s’est répandu aux USA, particulièrement dans l’ouest du pays. Immergés par la vague des teapartyers anti-Obama, ces Républicains leur ont promis mer et monde pour se faire élire. Ils doivent maintenant livrer la marchandise.
Dès les premiers jours, deux de leurs propositions m’ont surpris. La première, proposée par les « birthers », est la demande de démission d’Obama sous prétexte qu’il n’est pas né aux USA, comme l’exige la constitution américaine. Ils étaient douze représentants avec plusieurs supporteurs dans les tribunes à faire cette demande. Et cela, malgré que l’endroit de naissance d’Obama ait été clairement établi, qu’il ait produit un certificat précisant qu’il est né en l’état d’Hawaï et que les journaux hawaïens, le jour suivant sa naissance, en aient fait état dans la chronique des nouveau-nés. Ces gens haïssent tellement Obama qu’ils sont prêts à tout pour l’éliminer de la carte politique.
Puis, et là c’est moins drôle, les représentants républicains ont proposé de résilier la loi sur la santé, l’Obamacare, adoptée l’an dernier par le gouvernement et qui ajoutait, enfin, 32 millions de pauvres américains au système de l’assurance-maladie. Les Républicains prétendent que la mise en application de cette loi résultera, à long terme, dans des pertes d’emplois et qu’elle va ruiner les USA en augmentant annuellement le déficit et en faisant croître considérablement la dette. Non seulement leur proposition est indéfendable, mais ils savent qu’elle ne sera jamais adoptée par le Sénat, et que même si elle l’était, le président Obama y opposerait son véto. Donc, cette longue discussion qui s’engage est une perte de temps pure et inutile.
Il en est de même au niveau des états américains où 24 gouverneurs questionnent en cours de justice la constitutionnalité de l’Obamacare.
La proposition républicaine pour l’abolition de l’Obamacare a été examinée par le non-partisan Congressional Budget Office (CBO) qui a remis son rapport jeudi dernier aux représentants, avant le début des débats. Il énonce clairement qu’il en coûterait au gouvernement 230 billions $ pour le 10 prochaines années s’il annule la loi. Les Républicains répliquent et affirment le contraire : la loi coûtera 2,6 trillions $ et ajoutera 701 billions au déficit dans les premiers 10 ans. Leurs projections sont préparées par des lobbyistes du domaine privé de la santé. Qui croire ? Un organisme indépendant nommé par les deux parties ou les données issues d’intérêts privés ?
Questionné, M. Elmendorf, directeur du CBO et économiste respecté, a expliqué que son étude est basée sur la médiane de données techniques, de comportement humain et de facteurs économiques. Les Républicains refusent son approche qui est reconnu dans le monde.
Ce qui devient évident, c’est que les Républicains veulent faire rembourser les déficits par les moins nantis. Ils ont imposé le renouvellement des baisses d’impôts aux plus riches, enlevant ainsi au gouvernement un revenu de 700 milliards $ sur 10 ans. Et, pour réduire le déficit annuel et la dette grandissante, ils prônent toutes sortes de mesures rétrogrades qui s’attaquent aux lois sociales qui aident les plus infortunés, qui contrecarrent, au niveau des états, les moyens de pression des unions de travailleurs afin de diminuer les salaires et les pensions de ceux-ci, etc… et ceci en refusant carrément de couper dans les dépenses militaires.
C’est la démonstration que les Républicains sont prisonniers du populisme des teapartyers et des conservateurs d’extrême-droite et que chacun d’entre eux craint de perdre son siège. À cause de cette emprise sur le parti, c’est un mauvais temps pour les républicains d’être au pouvoir. Voila pourquoi j’espère que les Démocrates sauront se ressaisir et arrêter la marche vers le pouvoir absolu de ces ridicules politiciens républicains.
Claude Dupras
PS. Au moment où j'émets ce message, CNN annonce qu'une représentante démocrate de l'Arizona, une des rares élues de ce parti dans cet état de l'Ouest américain lors de la campagne mi-mandat, vient d'être tirée à bout portant dans la tête. Elle est en danger de mort suite à l'opération. Six autres personnes sont mortes et onze furent blessées. Est-ce un résultat de la haine envers les Démocrates qu'ont semée les teapartyers ? Peut être.. L'enquête le dira.
Il est temps que les Démocrates et les Républicains se traitent avec respect.