Pastillas aux dattes et aux fruits secs

Par Boljo

Pastillas aux dattes et aux fruits secs

Oui, c’est le jour des galettes des rois, mais qui sont ces rois ? De quelle manifestation s’agit-il ? Religieuse ou païenne ?

Commémoration religieuse

Le jour de l’Epiphanie commémore la présentation de l’enfant Jésus aux rois mages. Mais d’où qu’ils sortent ceux là ? Ce sont des visiteurs (des mages dans l’Evangile selon Matthieu) venus d’ailleurs…   de pays étrangers (pas de précision sur les pays) pour lui rendre hommage en lui offrant des présents très riches : or, encens, et myrrhe, rien que ça. Dans l’Evangile arménien de l’Enfance, on les nomme, Melchior, Balthazar et Gaspard, rien ne dit nulle part qu’ils étaient vraiment trois ni même qu’ils aient été rois. Leur nombre fut supposé par rapport au nombre de cadeaux apportés et après un brainstorming, on décida que « Les Rois Mages » ça collait bien. On ne m’en demande pas plus, Oh, c’est pas moi qui ait écrit les évangiles.

L’Epiphanie est traditionnellement fêtée par toutes les églises chrétiennes le 6 janvier. A la suite d’une réforme de la liturgie romaine, elle a été reportée au deuxième dimanche suivant Noël dans les pays où ce jour n’était pas férié, encore un coup du patronat pour sucrer un jour de congés payés. Cette année, ce sera donc aujourd’hui, 9 janvier.

Commémoration païenne

Dans les sociétés pré-chrétiennes, cette fête correspondait à l’apparition du dieu Dionysos, un mec pas très catholique, originaire de Thrace, célèbre dans le monde grec, oui, parce que chez nous beaucoup moins. Cette divinité était rattachée aux saisons et mourait avec le déclin de la végétation pour ressusciter avec la lumière. Cette croyance rappelle le culte païen des Saturnales célébrant le retour du soleil lié au début du solstice d’hiver. Une fête très joyeuse où ils ne mangeaient sûrement pas que de la galette.

Lors des Saturnales (fêtes romaines sur la fin du mois de décembre et au commencement de janvier), les romains désignaient comme « roi d’un jour » un esclave. Les Saturnales étaient en effet une fête d’inversion des rôles afin de déjouer les jours néfastes de Saturne. Au cours du banquet (au début ou à la fin des Saturnales, selon les différentes époques de la Rome antique) au sein de chaque grande familia, les Romains utilisaient la fève d’un gâteau comme « bulletin de vote » pour élire le « Saturnalicius princeps » (Maître des Saturnales ou Roi du désordre).

Cela permettait de resserrer les affections domestiques et donnait au « roi d’un jour » le pouvoir d’exaucer tous ses désirs pendant la journée, comme donner des ordres à son maître, gifler les gosses, rien n’est dit au sujet des privautés accordées par Madame, avant au mieux de retourner à sa vie servile à l’issue de ce jour ou au pire d’être mis à mort, tout dépendant sûrement de son comportement.

Origine de la galette

Remonte au moins au 14ème siècle,  la galette était partagée en autant de convives plus un, la part supplémentaire désignait le roi du jour parmi les plus pauvres qui passaient par là, une bonne occasion de bouffer une part de gâteau à l’oeil pour les gueux du quartier.

La forme ronde et dorée du gâteau ainsi que la fève font sans doute une référence au culte solaire des Saturnales.

Pour assurer une distribution aléatoire des parts de galette, il était de coutume que le plus jeune se place sous la table et nomme le bénéficiaire de la part, d’où l’usage toujours vivant de « tirer les rois ».

On a eu chaud

En 1711, le Parlement délibère et décide à cause de la famine de proscrire la galette, afin que la farine, trop rare, soit uniquement employée à faire du pain. Au commencement du xviiie siècle, les boulangers envoyaient ordinairement un gâteau des Rois à leurs pratiques. Les pâtissiers réclamèrent contre cet usage et intentèrent même un procès aux boulangers comme usurpant leurs droits. Sur leur requête, le parlement rendit, en 1713 et 1717, des arrêts qui interdisaient aux boulangers de faire et de donner, à l’avenir, aucune espèce de pâtisserie, d’employer du beurre et des œufs dans leur pâte, et même de dorer leur pain avec des œufs. La défense n’eut d’effet que pour Paris et l’usage prohibé continua d’exister dans la plupart des provinces.

Quand vint la Révolution, le nom même de « gâteau des Rois » fut un danger et Manuel, du haut de la tribune de la Convention, tenta sans succès d’obtenir l’interdiction du gâteau des Rois (son nom fut même un temps remplacé par la galette de l’égalité), mais la galette triompha du tribun. Peu après, un arrêté de la Commune ayant changé le jour des Rois en « jour des sans-culottes », le gâteau n’eut plus sa raison d’être, mais cette disparition ne fut que momentanée car il reparut bientôt sur toutes les tables familiales dès que la conjoncture le permit. (source Wikipédia).

Ouf, vous pouvez manger vos galettes, pour nous ce sera Pastilla, histoire de légéreté et de ne pas faire comme tout le monde. Mais rien n’empêche de cacher une fève à l’intérieur d’une des pastillas et d’envoyer le plus jeune sous la table.

Et la pastilla dans tout ça

La pastilla, ou bastilla, est une spécialité culinaire marocaine constituée d’un feuilletage fait de feuilles de briks, à base d’oignon, de pigeons (ou de poulet, de pintade ou de fruits de mer), de persil, de coriandre, d’œuf dur et d’amandes, mélange de sucré et de salé parfumé à la cannelle.

Ici, il s’agit d’une version sucrée, aie, deux traditions bafouées le même jour.

POUR 8 PASTILLAS

Retirer les noyaux et cuire dans de l’eau bouillante 15 mn :

  • 200 g de dattes

Enlever la peau qui se détache toute seule.

Peler et couper en lamelles, faire revenir dans un peu de beurre

  • 2 pommes

Ajouter

  • 1 bouchon d’eau de fleur d’oranger
  • Cannelle
  • 1 c à c de sucre glace

Griller 10 mn à four chaud à 110°

  • une poignée de noisettes, d’amandes, de pignons,… (au choix ou ensemble)

Mélanger tous les ingrédients de la farce.

Badigeonner une feuille de brick de beurre fondu, déposer une cuillère à soupe de farce au centre, plier en trois, rabattre un côté dessous, un côté dessus. Procéder de la même manière avec :

  • 8 feuilles de bricks

Faire dorer à four chaud, 10 à 15 mn à 180° (th. 6).

Saupoudrer de sucre glace et de cannelle lorsque les pastillas ont légèrement tiédies.