Julien est conseiller conjugal. Il répare les mariages en panne, réconcilie les couples en crise. On peut dire qu’il est doué pour rabibocher les couples les plus improbables.
Mais en ce qui concerne sa propre situation sentimentale, c’est moins brillant… Non pas que le bonhomme soit un timide maladif ou un amant déplorable. C’est juste qu’à chaque fois qu’il tombe amoureux, l’objet de son affection est comme frappée par une malédiction, subissant de petits et de gros désagréments, car Julien porte la poisse. Et pas la petite poisse, hein, la grosse malchance, la guigne, la scoumoune, une tornade de pépins illustrant au mieux la loi de Murphy, l’emmerdement maximal…
Son premier flirt adolescent subit une commotion cérébrale et une quasi-noyade au moment où il s’apprêtait à l’embrasser. La suivante se brûle gravement le postérieur au cours d’ébats plutôt euh… chauds. Et ainsi de suite jusqu’à la dernière en date, carrément allergique à sa salive, au point de voir ses lèvres doubler de volume. Le côté pratique, c’est que c’est tout aussi efficace et moins coûteux qu’une injection de collagène, mais le revers de la médaille, c’est que pour parler c’est plus gênant…
Notre bonhomme avait donc logiquement tiré un trait sur une possible histoire d’amour, histoire d’éviter de finir aux urgences à la fin d’un rendez-vous galant… C’était sans compter sur l’irruption soudaine de la divine Joanna dans sa vie.
Elle est belle, elle est drôle, elle pétille de vitalité et elle ne semble pas insensible à son charme.
Julien, craque pour elle, forcément… Mais elle, quand va-t-elle craquer ? Combien d’ennuis va-t-elle devoir endurer avant de réaliser que l’origine de tous ses malheurs n’est autre que celui qu’elle aime? Jusqu’à quel point est-elle prête à aimer ce porte-poisse?
Réponse à la fin de La Chance de ma vie, nouveau film de Nicolas Cuche…
Sur le papier, l’idée d’une romance construite sur une série de catastrophes était séduisante. A l’écran, cela ne fonctionne bizarrement que par intermittence…
Les deux comédiens principaux ne sont pas vraiment en cause. François-Xavier Demaison n’est certes ni Hugh Grant, ni George Clooney, mais sa bouille ronde inspire la sympathie et il est plutôt convaincant dans ce rôle de pauvre type, chat noir malgré lui, qui voit toutes ses conquêtes féminines le plaquer au bout de quelques jours, non sans l’avoir abreuvé d’insultes au préalable. Virgine Efira, elle, confirme son réel talent pour la comédie. Elle apporte fraîcheur, fantaisie et charme à son personnage. Et comme sa complicité avec Demaison semble évidente, on s’attache assez vite à cet improbable duo.
Le problème vient plus du scénario lui-même, qui ne tient pas toutes ses promesses et dont les ressorts comiques sont insuffisamment exploités.Oh, bien sûr, certaines scènes prises isolément sont franchement amusantes, mais d’autres tombent un peu à plat et dans l’ensemble, on rit moins que prévu. Le crescendo burlesque attendu n’est pas au rendez-vous et c’est bien dommage.
Les auteurs auraient pu aller plus loin, tourmenter davantage la belle Joanna et privilégier la partie comique plutôt que la partie romantique, qui, elle, n’a rien de bien originale.
Autre problème, les seconds rôles sont trop peu développés. Hormis Raphaël Personnaz, qui hérite d’un personnage un peu plus consistant que les autres, un fils à papa bourgeois nonchalant et charmeur, les autres comédiens doivent se contenter de peu de temps de présence à l’écran. Brigitte Rouan en mère fofolle, Armelle Deutsch en bonne copine et Thomas NGijol en pote rigolo sont pourtant tous très justes et apportent une touche de fantaisie bienvenue à l’ensemble, mais ils restent cantonnés au rang de simples faire-valoir. A quoi bon s’offrir de bons comédiens si c’est pour leur donner aussi peu de choses à défendre?
Du coup, certains se croient obligés d’en faire des tonnes, à l’instar d’Elie Semoun, insupportable. D’accord son personnage – un designer m’as-tu-vu et imbu de lui-même – est une vraie tête-à-claques, mais les gesticulations du comédien agacent plus qu’elles ne font rire…
Quant à la mise en scène de Nicolas Cuche, elle manque hélas un peu de rythme, chose essentielle à toute comédie réussie. On ne s’ennuie pas, mais les gags ne s’enchaînent pas assez vite et l’idée de départ s’essouffle peu à peu.
Le cinéaste essaie bien de dynamiser l’ensemble avec quelques scènes de transition inventives – notamment un roman photo mettant en scène le duo Demaison/Efira – mais cela ne suffit pas à pallier les baisses de régime d’une intrigue finalement assez basique.
Cela dit, soyons justes, La Chance de ma vie n’avait probablement pas la prétention de se hisser au Panthéon des films de l’année. Il s’agit d’un simple divertissement, une comédie légère et sympathique. De temps à autres, c’est agréable à voir, et on aurait bien aimé défendre ce petit film. Mais, euh… manque de chance, il nous a laissé sur notre faim. D’où notre avis très mitigé. Il y a mieux à voir au cinéma en ce moment…
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La Chance de ma vie
Réalisateur : Nicolas Cuche
Avec : Virginie Efira, François-Xavier Demaison, Raphaël Personnaz, Elie Semoun, Armelle Deutsch, Origine : France, Belgique
Genre : pas la comédie de ma vie, pas de chance…
Durée : 1h27
Date de sortie France : 05/01/2011
Note pour ce film : ●●●○○○
contrepoint critique chez : Studio Ciné-Live
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