
« La politique de François Mitterrand a bercé les débats de mon enfance », raconte Nicolas Cadène, « politisé très tôt », entré au PS à vingt ans. Que retient-il de Mitterrand ? Des images, d’abord. « Je me souviens surtout de sa posture, d’attitudes, j’ai en tête l’image de certaines de ses interviews, il avait vraiment une stature d’homme d’État, il représentait tous les Français… »
Une « culture », une « combativité » qui lui a permis de « déplacer les clivages » mais aussi un savoir être : « Il ne rabaissait jamais ses interlocuteurs ». Un rythme enfin : « Il faut donner du temps au temps », cite le trentenaire.
Côté politique, le Nîmois salue « l’abolition de la peine de mort avec Badinter », « les acquis sociaux », « la libération des ondes », « l’ambition européenne », « la décentralisation »… Quant à la vie du parti, « on n’a pas trop de leçons à en tirer, hormis le fait que c’était un grand stratège ».
Si Mitterrand a « radicalement transformé la France », Nicolas Cadène n’est pas nostalgique. Il faut aussi savoir tourner la page. Alors que « toute une génération est arrivée au pouvoir avec Mitterrand, aujourd’hui, nos vieux responsables ont du mal à faire monter les jeunes », constate-t-il. Mitterrand, c’est aussi l’homme de « renoncements regrettables », déplore-t-il. Pour Nicolas Cadène, « il incarne les contradictions profondes de notre pays ».
Sophie Guiraud (Midi Libre du samedi 8 janvier 2011)