Sans tabou mais trompettes, le duo Copé-Jacob joue les éléphants dans un magasin de porcelaine. En s’attaquant frontalement et brutalement aux 35 heures et aux fonctionnaires, les Bonnie and Clyde de la majorité prennent le risque de mettre à dos de l’UMP une part non négligeable de l’électorat. Une politique de la terre brulée suspectée de servir l’ambition présidentielle du Maire de Meaux en 2017, avec le risque calculé de faire perdre Sarkozy en 2012.
« Dieu me garde de mes amis; mes ennemis je m’en charge ». La vie de la majorité présidentielle n’est pas celle d’un long fleuve tranquille. Fin tacticien, Nicolas Sarkozy use des vieilles ficelles notamment diviser pour continuer à régner.
Copé à l’UMP constitue un contre-feu aux velléités d’indépendance de Fillon. En réglant un problème, le chef de l’Etat en a créé un second. Donner les clés de la maison UMP au très ambitieux député-maire de Meaux est une stratégie à hauts risques. Ancien premier flic de France, Nicolas Sarkozy mise toutefois sur une classique répartition des rôles. A Jean-François Copé de jouer le chien fou, le méchant, au chef de l’Etat d’apparaître comme un président posé, au-dessus de la mêlée, capable de tempérer et de veiller à l’unité de la Nation.
Le nouveau patron de l’UMP s’en donne à cœur joie. Ce qui fait le poison c’est la dose. Une incartade idéologique un peu trop poussée et les chances de réélection de Nicolas Sarkozy pourraient bien partir en fumée. Peu importe, dans tous les cas Copé semble gagnant. S’il fait perdre Sarkozy l’arrivée d’une gauche au pouvoir dans un pays exsangue condamné à s’enfoncer dans l’austérité devrait lui ouvrir un boulevard pour 2017. A l’inverse, si le président sortant est reconduit, il pourra revendiquer, sur la base de la contribution du parti, Matignon.
La stratégie de l’outrance qu’il mène de concert avec Jacob est destinée à brouiller les repères. A faire apparaître le PS et les forces de gauche comme conservatrices et dogmatiques, quand lui et son idéologie ultra-libérale seraient la seule réponse possible à la mondialisation.
Le risque évidemment est de pousser les éléments centristes modérés à quitter l’UMP mais aussi pour Nicolas Sarkozy de voir ses fidèles écartés des postes clés. Rue de la Boétie, le temps est déjà aux règlements de compte. Les têtes tombent. L’éviction sans ménagement de Dominique Paillé ancien porte-parole témoigne de la volonté affichée de faire table rase du passé et notamment du passage du rival Xavier Bertrand dont on s’est dépêché de décrocher les portraits.
C’est là où la carte Borloo entre en jeu. L’ex futur Premier ministre et le parti Radical jouent un rôle de voiture balai des laissés pour compte de l’UMP ou de ceux qui ne retrouvent pas dans la nouvelle ligne politique de Copé. Il est indispensable pour gagner en 2012 de rassembler au deuxième tour au-delà de son camp. A Copé de ratisser vers la droite, à Borloo de faire de même vers la gauche.
Les socialistes devraient se méfier, la bataille de 2012 sera une guerre de mouvement. La ligne Maginot de l’anti-Sarkosysme ne saurait leur assurer la victoire.
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