SMILEY FACE ou comment aller du point A au point Z

Après avoir réalisé Nowhere en 1997, qu’il considère lui-même comme “un épisode de Beverly Hills 90210 sous acide”, le producteur américain Gregg Araki revient en 2008 avec une nouvelle comédie déjantée : Smiley Face. Elle met en scène une actrice junkie (interprétée magnifiquement par Anna Faris) complètement ratée qui branle rien de ses journées.

Jane (excellente Anna Faris) commence ses journées ainsi : elle se tire une douille (pipe à eau) puis joue pendant des heures à un stupide jeu vidéo de singes sur son ordinateur… Seulement, elle n’est guère comme les fumeurs de cannabis « cool », fumer de la beuh l’affame. Jusqu’au jour où, la faim la tenaillant, elle dévore les gâteaux de Steeve son étrange coloc… Ces derniers sont en réalité des « space cake » (gâteaux contenant du cannabis)… Ces derniers vont en réalité la défoncer complètement, la rendre stone, comme elle se plaît si bien à le dire…

Quelques instants plus tard (dorénavant il faudra à madame un certain temps de réflexion, absorption de cannabis oblige), elle comprend qu’elle a vite intérêt à les remplacer pour ne pas subir la colère de Steeve, être aigri et antisocial. La voilà embarquée dans une folle journée : trouver de l’herbe, refaire des gâteaux, payer la facture d’électricité, aller à son audition… Folle journée où rien ne se passera comme prévu… Folle journée d’où naîtra de multiples rencontres… Une journée de taré en somme d’où personne ne sortira véritablement indemne : ni elle, ni nous…

Après « Mysterious Skin » en 2005, Gregg Araki, le réalisateur, signe avec « Smiley Face », son film le plus léger. On l’attendait au tournant mais on ne l’attendait vraiment pas de la sorte.
Il dresse donc ici le portrait de Jane, une jeune actrice ratée et paresseuse ou, autrement dit, une épave de starlette. Une looseuse stupide (son bien le plus cher à ses yeux est son lit…) et absolument déphasée. Une marginale défoncée et avachie sur son canapé. Et pourtant, attachante malgré tout.
Malgré tout et heureusement ! Heureusement car Anna Faris est le personnage omniprésent, l’héroïne de cette comédie déjantée. Heureusement car elle sait nous divertir avec ses mimiques, ses grimaces, ses gaffes inopinées. Cela tombe bien, cela semble être le seul but du réalisateur : nous faire rire ou au moins sourire de cette pauvre fille à la ramasse.

Une aventure des plus rocambolesques, où Jane s’invente ponctuellement de nouveaux objectifs ridicules, où elle ne cesse également de faire boulette sur boulette. Elle n’a décidément plus pied dans la réalité et on ne peut que s’amuser de ses perceptions distordues.
Malgré des décalages grotesques, malgré la jolie interprétation d’Anna Faris et malgré les répliques percutantes et les situations cocasses, le film a du mal à tenir la distance du long métrage. Les situations burlesques ont beau s’enchaîner avec rythme, on finit par s’ennuyer un brin. Le scénario manque comme qui dirait de consistance et de ce fait, la narration flotte un peu. Le propos aurait tendance à se noyer, ce qui n’est guère le cas des effets de l’effet des « space cake » sur Jane. Cela aurait sûrement fait un délicieux court-métrage, délicieux et hilarant, tels ces gâteaux.

Enfin, on a un peu de mal à assimiler, à comprendre la chute de ce trip, cette pseudo-morale qui sort de nulle part… Pourquoi cette « leçon ultime » après presque une heure et demie de délires les plus loufoques et les plus saugrenus les uns que les autres ? Pourquoi cela après presque une heure et demie de grand n’importe quoi ? La question reste en suspens…

Des images déjantées en somme, tout comme la mise en scène. Ca se laisse regarder sans grande peine et ça s’oubliera sûrement de la même façon…

Sortie le 16 janvier 2008.
Réalisé par : Gregg Araki.
Avec : Anna Faris, Adam Brody, Matthew J. Evans…

Note Shotactu : 5.5/10

La bande annonce :

Charlène Marchand