Morris était drôle, Morris et Goscinny très drôles, ce pourquoi nous sommes un peu déçu par le duo Pennac & Benacquista. Leur scénario se traîne durant un bon tiers, il dévalue Luc la Chance et fait des Dalton des scies répétitives dans la bêtise. L’album trouve son rythme de croisière vers le milieu et la mayonnaise finit par prendre. Il y a de l’action, de la virtuosité et de la morale, comme dans le vrai.
Mais, ne vous y trompez pas, vous avez affaire à un ersatz, un faux Lucky Luke comme il y a dans cet album un faux billet de deux dollars.
Les adultes retrouveront une nostalgie téléphonée, mais les enfants qui le découvriront ne goûteront pas tout le sel des gags déjà lus. Reste l’histoire, assez banale, d’un détective ambitieux qui a voulu industrialiser la profession de redresseur de torts. Le fichage généralisé est une manie post-11 Septembre destinée aux citoyens, le ‘tous coupables’ quelque chose qui passe par-dessus de la tête des bambins.
Sur le dessin, rien à dire, il a repris les tics de Morris et Lucky n’est jamais maladroit comme les successeurs de Jacques Martin peuvent l’être lamentablement. Seul le brin d’herbe systématique fait tache, qui remplace la clope politiquement incorrecte. Mais trop c’est trop. Les auteurs médiatiques se sont donné du plaisir ; ils n’ont pas prolongé Lucky Luke, ils se sont plutôt frottés avec. Le vintage des oldies but goodies est un métier…
Mais on peut y prendre plaisir quand même.
Lucky Luke contre Pinkerton, dessin Achdé, scénario Daniel Pennac et Tonino Benacquista, d’après Morris, éd. Lucky Comics, 2010, 46 pages, €9.45