Karine Tuil sait écrire, indéniablement. Cette romancière a une patte, une plume bien à elle, qui sait faire parler Karl Fritz comme s'il était en face d'elle.
Karl Fritz, c'est l'homme de confiance, l'homme à tout faire des Kant, grande famille industrielle allemande, le narrateur par voix interposée de cette histoire tristement surprenante.
Karine Tuil le fait parler, simulant leur rencontre, processus qui a ses limites puisqu'elle l'abandonne avant la fin du livre, repassant à un narrateur omniscient qui vient éclairer les zones d'ombre laissées par Karl Fritz.
Bref. L'histoire de " Six mois, six jours " est celle des Kant, de père en fils, de père en fille. Tout d'abord, l'histoire de Juliana, l'héritière menée en bateau par un gigolo cupide, qui la ridiculisera dans les médias en diffusant leurs ébats.
Mais c'est aussi l'histoire du grand-père Kant, collaborateur nazi disculpé à la Libération, premier mari de Magda Goebbels, et dont les fautes rejaillissent sur ses petits-enfants soixante ans plus tard.
Le problème de " Six mois, six jours ", c'est que Karine Tuil se perd dans le fil de son récit, elle hésite entre l'histoire de la dynastie Kant, le fait divers concernant Juliana Kant ou le récit tragique du père adoptif de Magda Goebbels ... Elle s'y perd et nous perd en même temps, trop indisciplinée dans son approche et dans sa forme.
Un document intéressant mais qui nous laisse sur notre faim, ne faisant que survoler les sujets, sous couvert de vouloir romancer ...