En cette période de préparation de Noël, il est rare d'avoir le temps de se consacrer à un livre, et encore plus rare de se plonger dans un, pour n'en ressortir que la dernière page lue. Pourtant, "Nos étoiles ont filé " réussit cet exploit.
Le sujet est dur, incroyablement dur et on se demande encore où la jeune auteure endeuillée a puisé la force de faire de sa terrible épreuve un document aussi profond et captivant. Le 11 août 2008, Anne-Marie Revol perd ses deux petites filles de 2 et 3 ans, Pénélope et Paloma, lors d'un incendie dans la maison de ses parents où séjournaient les petites. A partir de cette date, l'auteure va écrire chaque jour à ses filles, commençant chacune de ses lettres par un différent surnom pour les désigner : " mes naïades ", " mes sucres d'orges ", " mes pirates " etc.
Cette histoire, plus que celle d'un deuil, c'est aussi celle de plusieurs amours : l'amour de Anne-Marie Revol envers son mari, ciment de leur reconstruction, de leur survie, amour qui transcende tout le livre et lui donne un souffle incomparable ; l'amour de la narratrice pour ses petites filles disparues évidemment, mais aussi l'amour qu'elle porte à ses parents, à l'encontre desquels elle n'élève jamais le moindre reproche malgré leur proximité le jour du drame.
Au fil des lettres, on revit le drame, les jours qui suivent, l'enterrement, la prise de conscience, les premières résolutions, la résignation, la peine, la colère, les annonces maladroites, les phrases réconfortantes et les phrases coup-de-poignard, l'envie de reconstruire une famille, le premier Noël, les dates anniversaires, les amis sur qui on peut compter et les autres, le nouvel enfant qui pointe son nez, la culpabilité à tout va, la peur, la nouvelle prudence ...
Il est difficile d'écrire une critique sur cet ouvrage tant le courage, la force de caractère, la pugnacité de la narratrice, couplés à son écriture légère et fluide nous coupent le souffle à la lecture.
Un document d'une qualité et d'une profondeur rares.