Aux portes du palais

Amusant de voir à quel point on peut créer, quand bon semble le besoin, des « traditions » et des « immuables » de la république. La république, sachons le, n’est que le choix de gouvernance d’un moment. Elle n’est pas « immuable » ni pleine de « traditions ». Penser cela reviendrait à dire que le mode déjà pas parfait de gouvernance que nous vivons, la république, pourrait être encore aujourd’hui colonialiste, par « tradition » ou contre le vote des femmes par exemple.

Et bien pourtant, suite à la décision assez courageuse de la CGT de ne pas aller subir les vœux de la présidence, voilà que la droite, mais aussi certains de gauche et des syndicalistes, en appellent à la « tradition républicaine  des vœux » pour justifier le faite qu’il faille y aller à tout prix à cette cérémonie. Nous pouvons même lire le représentant de la CFTC dire « Ca n’est pas en refusant l’invitation du président de la République que les choses s’amélioreront. Nous, ce qu’on souhaite, c’est pouvoir s’entretenir avec nos interlocuteurs sur les sujets qui nous intéressent, comme les jeunes, la question de la dépendance, la protection sociale ». Il est marrant le monsieur hein ? Il pense donc réellement que d’entendre un discours à sens unique de la présidence relève du… dialogue ! Triste. Mais il ajoute : « On va à cette invitation du président comme tout républicain qui se respecte ».. Diantre, voilà la CGT et l’ensemble de ses adhérents renvoyée dans le camp des antirépublicain ! Décidément, la CFTC sert toujours autant la louche au patronat…

A droite c’est concours de phrases à la con. Et plus républicain (faut le dire vite vu l’horreur mis en place depuis des années par ces affidés des bourgeois) que moi tu meurs ! Je ne les liste pas toutes ici, d’abord parce que ce serait fastidieux, mais en plus parce que j’ai peu envie de faire de la pub à ces crevards. Mais au moins ces deux là : Valérie Pécresse, ministre de l'Enseignement supérieur, a jugée "profondément antirépublicaine" la décision de la CGT et du coup la CGT elle-même, rien que ça,  tandis que pour Jean-François Copé, leader maximo de remplacement pour pas qu’on voit que c’est le président, de l'UMP, "on peut être en désaccord, on peut mener des combats", mais "quand on est une grande formation syndicale, on est présent aux vœux du président de la République"… Diantre, la première organisation syndicale de France serait donc… petite !

Quoique l’on pense de la décision de la CGT (à titre personnel je m’en réjouis réellement), ce qui est le plus frappant dans tout cela c’est la « déification » de la république dans cette histoire. Elle est amenée à être vu comme une nouvelle religion, au dogme immuables et non transgressables.

C’est non seulement inquiétant, cette crispation « républicaine », mais en prime c’est détestable dans l’idée d’une nation qui serait figée et incapable de progresser.

Alors, aux portes de palais, il nous est encore droit d’y rester si nous ne souhaitons pas entendre le prince, fut-ce t il élu démocratiquement. Et peut être un jour d’y entrer pour déloger celui qui bafoue non les « traditions » mais les droits de tous !