CE QUE L’ON PEUT RETENIR DE CET ARTICLE :
« En France le capitalisme est une vieille histoire de famille....A quelques exceptions près, les Rothschild, les Wendel, les Louis Dreyfus… les noms de ces 200 familles initialement maîtresses de l’économie française, sont tombées dans l’oubli.
D’autres familles cependant ont vu le jour et contrôlent encore une proportion surprenante des plus grandes entreprises françaises… Danone, l’Oréal, Ricard, Bouygues, EADS, Michelin, PPR, Peugeot…. Une dizaine de mastodontes du Cac 40 ont pour actionnaire de référence la famille de leur fondateur…
A la fin des années 1990, 70% des groupes français côtés en bourse avaient leur capital contrôlé par une famille, selon les calculs des économistes David Sraer et David Thesmar…
A l’échelle de l’économie toute entière, ce serait 83% des entreprises de l’Hexagone qui auraient un caractère familial pesant pour environ la moitié du produit national brut (PNB) et de l’emploi du pays.
Dans leur étude menée sur quelque 1000 entreprises françaises entre 1994 et 2000, David Sraer et David Thesmar relèvent que les entreprises familiales sont nettement plus rentables que leurs homologues à l’actionnariat dispersé.
Les explications ne manquent pas :
D’abord un patron propriétaire a un intérêt plus important qu’un manager professionnel aux commandes d’une entreprise à l’actionnariat dispersé à ce que son entreprise soit pérenne et en bonne santé… C’est l’assurance des générations futures en quelque sorte….
Cet horizon de long terme pousse les managers familiaux à la prudence en particulier dans les investissements et les acquisitions…
Autre explication : le patron propriétaire jouit d’une réputation et d’un savoir-faire spécifique acquis au fil des générations, qui lui permettent de nouer des relations avantageuses avec les partenaires de l’entreprise (banque notamment)…
Plus que la personnalité du manager, la capacité desn entreprises familiales à maîtriser leur coût du travail apparaît cruciale pour expliquer leur rentabilité...
A priori le bilan du capitalisme familial en France semble globalement positif.
Sauf qu'il est possible de faire une autre lecture de ses performances et de son développement dans l'Hexagone.
Les meilleurs rendements observés dans les entreprises familiales ne sont pas nécessairement bon signe pour l'économie française : le rendement du capital ayant tendance, par nature... à décroître à mesure que l'entreprise grandit, cela indique sans doute qu'elles sont sous capitalisées.
Autre bémol : il se peut que les familles conservent et transmettent en priorité les entreprises les plus prometteuses...
La préférence française pour le management héréditaire a donc vraisemblablement un coût pour l'ensemble de l'économie qui passe largement inaperçu...
S'il permet d'éviter les conflits sociaux en France, le capitalisme familial est donc aussi pour partie responsable des relations sociales tendues qui y règnent....
Avec l'arrivée à la retraite des entrepreneurs issus du Baby-boom, environ 60 000 entreprises sont amenées à changer de main chaque année d'ici 2020.
Si leur contrôle échappait aux managers-héritiers, le climat social dans l'Hexagone y gagnerait sans douteSOURCE : Alternatives Economiques