Dans mon dernier billet, j’avais fait une rapide référence à la barbarie de la corrida, provocant une réaction plutôt vive de notre ami Salvadorali !
Je tiens aujourd’hui à réaffirmer ce que j’ai dit : la corrida est une cérémonie barbare ! Je persiste et je signe !
Cela ne fait pas de moi un activiste anti-corrrida : j’ai d’autres centres d’intérêts, pas forcément les mêmes qu’un certains habitués de la blogoma ! Mais chacun est libre du choix de ses combats.
Il faut avoir assisté une seule corrida pour être convaincu de la barbarie l’étrange et cruel de ce spectacle, à moins d’avoir une perception bien indulgente de la barbarie.
Le spectacle commence par le « paseo », défilé de l’ensemble des participants qui ouvrent le spectacle dans un ordre protocolaire très précis et seul moment de l’après-midi tauromachique exempt de brutalité ou de barbarie.
La corrida se présente comme une suite de séquences dont l’objectif consiste à mener le taureau à un état d’abrutissement facilitant sa mise à mort par le matador, dans les circonstances les moins dangereuses pour l’homme.
La « lidia », ce prétendu combat entre le taureau et l’homme, se déroule selon un scénario très précis où la cruauté de l’homme, sa sauvagerie et sa bestialité vont se déchainer à mesure que la résistance de la bête faiblit.
Chacun des trois actes de cette macabre boucherie porte un nom particulier et répond un cérémonial immuable.
Le premier « tercio de pique » s’ouvre sur quelques passes de « capote » effectuées par le torero et ses aides et destinées à désorienter le toro.
Véritable moment de barbarie, malgré tous les commentaires que l’on peut faire : un cavalier chevauchant un cheval aux yeux bandés et caparaçonné s’évertue à enfoncer dans le dos du toro une « puna » d’acier de 8,50 cm plantée au bout d’une lance, pour soi-disant tester « sa bravoure ».
Vient alors le second « tercio de banderillas » : les assistants du matador planteront dans le dos de l’animal, déjà amoché par le picador, trois ou parfois quatre paires de bâtons d’environ 80 cm de long, terminés par un harpon.
Une fois le toro complètement épuisé par ce traitement, le madator entame le dernier « tercio de la muerte » pendant lequel il est supposé faire étalage de son art et son courage : l’art de faire virevolter sa cape selon des techniques éprouvées et le courage d’affronter un animal blessé, exténué et désorienté.
La barbarie finale s’exprime dans la mise à mort du toro par l’estocade portée par l’épée et souvent ratée. Cette exécution est alors complétée par le « descabello », sorte de coup de grâce qui, le plus souvent, n’est pas suffisant pour venir à bout de l’instinct de survie de l’animal. Le toro ne mourra que sous le coup fatal de la « puntilla » qui lui détruira le cervelet et le début de la moelle épinière.
Je suis désolé d’avoir recours à une telle description, mais c’est cela la corrida !
Bien sûr, on peut trouver d’autres points de vue pour apprécier ce spectacle barbare et l’on peut même récompenser le torero pour son « courage », son « élégance » et son « autorité sur l’animal ».
Pour conclure ce billet, je ne peux que vous inviter à écouter quelques chansons sur le thème de la corrida !
D’abord, le toro de Francis CABREL s’interroge « si ce monde est sérieux » en parlant du monde tauromachique, constitué de fanfares, de danseuses ridicules, de pantins, de fantômes, d’acrobates !
Ensuite, Charles AZNAVOUR et son toréador essaie bien de nous émouvoir à propos de la défaite de l’homme face l’animal : il voit « sa merveilleuse allure et sa folle arrogance tomber dans la sciure » et il « n’éprouvera plus / ce sentiment étrange / fait d’un curieux mélange / de peur et de fierté »
Enfin, toujours aussi caustique, Jacques BREL moque, à travers le regard portés par les toros, des spectateurs et des spectatrices qui, dans les gradins, se prennent pour des Dom Juan et des Carmencitas !
Mais le texte qui rend le mieux le caractère macabre et barbare de la Corrida est le poème de Federico Garcia Lorca “La cojida y la muerte”. Nous oublions trop souvent que le torero meurt aussi parfois!