L’exemple néo-zélandais

Publié le 07 janvier 2011 par Copeau @Contrepoints

Que faire face à la dette ? Faut-il réduire les dépenses ou augmenter les prélèvements ? On ne peut nier que les Français sont déjà étranglés par les prélèvements. Ne serait-il pas alors préférable de laisser chaque individu disposer de sa propriété et d’éviter de faire payer à la nouvelle génération le délire égalitariste de la précédente, d’autant plus que de telles politiques publiques ont déjà été couronnées de succès ?

L’exemple néo-zélandais

En 1984, la Nouvelle-Zélande amorce son passage de l’État-providence (dont-elle était un des précurseurs) au libéralisme. À cette date, la situation du pays est inquiétante : le taux de chômage frôle les 12%, la dette représente 65% du PIB (soit moins que le taux français en 2008 !) mais, en 10 ans, travaillistes et conservateurs vont se concurrencer pour développer le libre marché.

Élu à gauche, Mike Moore, ministre travailliste des finances fait le choix de simplifier le système fiscal, de briser les tarifs douaniers à l’importation, de supprimer les subventions à l’agriculture, d’instaurer des coupes claires dans les prélèvements : le taux maximum d’imposition sur les personnes physiques fond de 66% à 33% et celui des sociétés de 45% à 33%. Sur le plan social, l’âge du départ à la retraite passe de 60 à 65 ans, les indemnités de licenciement sont réduites et les remboursements de soins proportionnés au revenu des malades. La haute fonction publique s’ouvre aux recrutements par contrat privé pour gérer les budgets civils comme des budgets d’entreprise avec obligation de résultats. En 1988, le taux de chômage a chuté à 5,5% de la population active.

Lorsque le Parti National revient au pouvoir en 1990, il accélére les réformes : libéralisation du marché du travail, réduction du niveau des prestations sociales, vente des forêts et même création de prisons privées. En 1994, le ministère des Transports, qui employait 5.600 fonctionnaires, n’en compte plus que 53. Le Département des Forêts passe de 17.000 fonctionnaires à 17. Le ministère de l’Emploi ne compte plus que le ministre pour seul fonctionnaire, contre 28.000 dix ans plus tôt ! Bien entendu, ces chiffres peuvent être tempérés : il reste encore des agents publics (soumis au droit commun) et le secteur public représente aujourd’hui 41% du PIB. L’État a notamment conservé la mainmise des transports, de l’électricité et des télécommunications. Mais on peut noter que ce pays est considéré comme le moins corrompu du monde par l’Heritage foundation.

Pour D.Brash (ancien gouverneur de la Reserve Bank) : ”Même si les architectes n’en étaient pas toujours conscients, les réformes néo-zélandaises ont le goût de Fr. Hayek. Car le déclin de la Nouvelle-Zélande, après la seconde guerre mondiale, a illustré la logique implacable que dénonçait Hayek dans son livre La Route de la servitude. Depuis la fin des années 30, la Nouvelle-Zélande était en effet devenue un pionnier de l’État-providence, une forme de servage même si elle était différente du type État policier et camp de concentration dominant l’Europe à l’époque où Hayek rédigeait son ouvrage.” *

Moins de Fonction publique, c’est moins de chômage

La croissance néo-zélandaise a, depuis vingt ans, tranquillement suivi un taux moyen (de croisière) de 3%/an. On pourrait croire qu’avec un secteur privé autant élargi, le pays serait menacé par la conjoncture actuelle. Alors, en effet, si la Nouvelle-Zélande n’échappe pas à la crise, on peut néanmoins constater que son taux de chômage est inférieur à ce que la France connaissait avant 2008 : passé de 3,6% en décembre 2007 à 6,4% en octobre 2010, il devrait rester en-dessous des 7% !

Il convient de souligner une simple réalité : le problème n’est pas d’être au chômage mais d’y rester. En dépensant à la fois son argent et son énergie à organiser un secteur public titanesque, la France créée une bulle certes  à l’abri des crises et du chômage mais aux dépens de la majeure partie de la population. La fonction publique, en particulier, au-delà de générer un comportement, vicie par son hermétisme la flexisécurité et le marché du travail dans son ensemble : en réservant des emplois à ceux qui bénéficient du statut, l’Etat empêche les chômeurs de postuler à un plus grand nombre d’emplois.

Revenons-en à la leçon néo-zélandaise et au problème de la dette: celle-ci est tombée à 23% du PIB et le solde des finances publiques est passé d’un déficit de 9% du PIB à un excédent de 1% en 2007. Certes, la situation de la Nouvelle-Zélande en 1984 n’est pas celle de la France aujourd’hui. Elle a néanmoins démontré qu’il était possible de diminuer la dette sans pour autant avoir recours aux prélèvements… afin de mieux garantir une relance durable.