Le SmartPhone, nouveau porte monnaie virtuel
Il en a été question autour destables du SMC Lounge, le paiement via des applications pour SmartPhone est une des prochaines grandes tendances du marché des médias sociaux. D'ores et déjà Starbuck's, Carrefour et d'autres se sont lancés dans l'aventure, des villes commeNiceet Bordeauxen font l'expérience et le leader mondial de paiment en ligne, Paypals'est positionné sur cette technologie. Comme le remarque Ben Parr de Mashable, l'utilisation d'applications pour SmartPhone utilisant la communication en champ proche (NFC) permettra d’ouvrir le marché des paiements via mobile en insistant sur la simplicité du geste de paiement avec le "touch to pay". Plus sécurisée, plus simple et plus facile, cette technologie est à même de supplanter le paiement par SMS, une technologie certes très utilisée en raison d'un très fort taux d'équipement, mais limitée par la surtaxe des messages.Le Japon est un des précurseurs en la matière avecNTT DoCoMo fort d'un parc de 80 millions de portefeuilles électroniques et de 420 000 points de vente où payer par téléphone (m-paiement) dans des tendances évaluées à la hausse. Cette expérience présage une extension à l'ensemble des marchés des pays fortement bancarisés, capables de mettre en place une telle infrastructure. En effet, l’usage croissant des Smart Phones les rend de plus en plus incontournables dans la manière de faire du business en ligne et sur les médias sociaux. De nouveaux usages sont donc à penser dans les pratiques du réseau.
Vers l'avènement des monnaies virtuelles ?
Le téléphone peut ainsi être envisagé comme un moyen de paiement à part entière et qui serait, à proprement parler, révolutionnaire dans la mesure où cartes de crédits et portes monnaie seraient amenés à laisser place au téléphone comme moyen de paiement considérablement simplifié. On se dirige donc vers l’avènement des monnaies virtuelles ou virtualisées (virtual currencies en anglais, c'est-à-dire une monnaie totalement dématérialisée et n'ayant d'existence que sur le Web) supposées rationaliser les achats en ligne et supplanter les devises légales gérées par des banques centrales (type euros, dollars, yuan, yen…). Facebook s'est d'ailleurs positionné sur les monnaies virtuelles en lançant son propre système de crédits permettant à l'utilisateur de progresser rapidement sur les social games auxquels il joue (FarmVille, MafiaWars, PetSociety...). A terme, ces crédits Facebook deviendront une monnaie à part entière qui ne sera plus seulement limitée aux social games comme le remarquait Thomas Jestin à la conférence "Social gaming : engagement des audiences et monétisation".
Bien entendu, une monnaie virtuelle reste dépendante des monnaies légales dans la mesure où elle reste indexée sur une devise. La valeur d’une monnaie virtuelle fait effectivement sens que si il est possible de la comparer à une monnaie légale, la monnaie légale lui apportant de la valeur et légitimant son usage.En terme de paiement mobile, l’utilisation de ces monnaies virtuelles a vocation à faciliter les transactions sur Internet via le téléphone. La NFC permet de transmettre l'information de l'achat d'un produit équipé d'une puce RFID ou tout autre objet équipé de la technologie NFC. Elle permet alors la collecte des informations émises par le téléphone : j'achète cette boîte d'oeufs en le signalant sur mon Smart Phone qui va alors transmettre via la NFC à la puce RFID l'information que je dépense tant. Alors oui, on entre ici sur un terrain un peu technique mais cette tendance s’inscrit dans la tendance plus globale de l’internet des objets, d’un monde tout en réseau.
De la régulation en perspective
Mais à cette question des monnaies virtuelles viennent s'opposer les Etats qui ne peuvent bien évidemment pas envisager l'abandon de leur monopole de la création de monnaie. A travers ce contrôle, ils régulent l'économie. En effet, on touche ici à la politique économique des Etats. Une banque centrale ne peut arrêter de faire marcher les planches à billet. L'impression de monnaie répond à des impératifs d'intérêt général, considérer par exemple les crédits Facebook (car c'est bien la monnaie virtuelle au plus fort potentiel de développement) comme une monnaie légale reviendrait à privatiser l'Etat dans la mesure où la création de monnaie se ferait dans le cadre d'un intérêt particulier, celui de Facebook.A ce titre, Ben Parr note qu'il faut envisager la perspective d'une montée en puissance des régulations étatiques sur les monnaies virtuelles. La Chine a d’ores et déjà commencé à lestaxer montrant ainsi qu’une monnaie virtuelle est plus considérée par l’Etat comme un produit de consommation qu’une monnaie. Dès lors, on peut s'interroger sur le positionnement de services de paiement en ligne comme Paypal, s'ils ont ou non vocation à utiliser les monnaies virtuelles comme moyens de paiement uniques dans leurs applications de m-paiement.
Le support, un barrage à l'entrée
D'autre part, l'usage d'application pour le m-paiement pose plusieurs problèmes que Paul Papadimitriou d'Altimeter remarque avec justesse. Les pratiques de paiement par SMS restent très ancrées et sont entrées dans les mœurs, notamment dans des pays comme Singapour. Certes, l'utilisation d'applications pour accéder au réseau est en pleine croissance et est le support par lequel le paiement mobile tend à se développer, mais il faut garder en tête que l'accès à Internet reste majoritairement guidé par l'usage plus traditionnel des navigateurs.Il propose une prise de recul en pointant du doigt des usages ancrés dans les pratiques quotidiennes. Le passage à la navigation via des applications doit être mis en perspective avec non seulement un temps d'adaptation et de formation au nouvel outil mais aussi avec le prix du support. A plus de 200€, le SmartPhone reste un produit cher dans la mesure où il est un équipement supplémentaire en terme d'accès.
Sans être pessimiste, Paul Papadimitriou introduit un relativisme et un recul nécessaires pour mieux comprendre la révolution des paiements par mobile : le passage du SMS à l'application peut se faire, à condition de réfléchir sur les prix, la régulation et les usages.