Ce texte nous plonge dans la tête et le cœur d'un simple d'esprit, un benêt éperdu qui se débat pour vivre le mieux possible avec ceux qu'il appelle "les affûtés".
Nous suivons ses efforts extraordinaires pour essayer de contenter sa sœur, Hege, qui s'occupe de lui, le nourrit et l'accompagne avec tendresse et compassion.
Il essaie de travailler aux champs ou comme bûcheron, mais il échoue toujours.
Lentement, nous suivons cet être assailli par ses sentiments et ses pulsions dans son cheminement de vie difficile.
Il observe la nature qui l'entoure et est envahit par la beauté, l'amour, la peur...
Tout peut faire signe et devenir prophétie, une passée de bécasses, des traces de pattes d'oiseaux dans la boue, des champignons vénéneux qui s'offrent malicieusement à lui...
Quand Mattis veut raconter ce qu'il ressent de cette nature qui le fait vivre, aimer et souffrir, personne ne semble entendre ce qu'il a à dire.
Les "affûtés" seraient ils sourds au monde ?
Ce texte raconte la lutte des affects puissants et des tourments redoutables qui assaillent le personnage principal avec une poésie étonnante, sobre et somptueusement abrupte.
La solitude, la peur de l'abandon, l'angoisse de la mort, l'amour inconditionnel et démesuré pour sa sœur font toute la vie de Mattis.
Il la déploie avec courage et entêtement entre la maison et le lac, la barque et la forêt, ses mots simples et le silence des êtres qu'il aime.
"Il ne se décidait pas à reprendre son travail de passeur. Il y avait quelque chose de changé Il vadrouillait, sans rien faire. A un moment donné, il vit quelque chose de rouge luisant près de l'enclos et tressaillit. Il y avait là une fausse oronge mûre avec toute sa méchante, secrète séduction. Elle se trouvait tout contre l'enclos, comme si elle voulait regarder dans le chemin et pénétrer jusqu'à Mattis.
Non! Non, pensa-t-il craintivement, déjà sur la défensive. Je vais l'écraser avant qu'elle me tue.
Il alla donner un coup de pied au champignon. ce fut comme une explosion de rouge et de blanc quand il émietta le champignon sous son pied.
Aussitôt après, il en découvrit une autre, à l'intérieur de l'enclos, dans le pré. Au moins aussi belle. Celle-là, il ne lui donna pas de coup de pied, il prit peur et battit en retraite. A présent, il savait qu'il y en avait plein partout dans les collines, près de l'enclos et entre les touffes et sur le sol de la foret.
La maison était cernée de poison...
...- Est-ce qu'il n'y a pas plus de fausses oronges que d'habitude, ici, cette année ? demanda-t-il sans donner d'explications.
- Pas que je sache, dit Hege. Tout est normal, dit-elle, l'aveugle, et elle s'en alla en frétillant."
La présentation de l'éditeur,
Un bel article de Dominique Dussidour sur Remue.net,
un autre sur Livres-Addict.fr
Une présentation de l'auteur sur Esprits nomades,
Dominique en parle, Nicolas aussi,
Des citations et des commentaires sur parfum de livres, parfum d'ailleurs,
Des extraits d'un spectacle jeune public librement inspiré du roman :