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La laïcité n’est pas en question

Publié le 18 janvier 2008 par Jlhuss

On ne niera sans doute pas ici, que la science, les philosophies, la laicité ne répondent pas aux questions métaphysiques que tout homme a le droit de se poser sur le sens de la vie, de “sa” vie.

Heureusement, on ne peut prouver l’existence ou l’inexistence de Dieu, d’un Dieu. Libre à certains d’y croire, aux autres d’en exprimer la négation, aux derniers de ne pas chercher à savoir et de s’en foutre. Mais la foi donnerait à ceux qui croient des réponses leur permettant de vivre avec espoir et un certain optimisme face à la mort ou aux “duretés” de la vie.

Les discours “aux religions” de Nicolas Sarkozy ne sont pas, à mon avis, un retour en force de celles-ci dans la vie de notre République, mais la constatation simple d’une réalité à prendre en compte : ça existe et ça peut même faire des dégats. N’est-ce pas une manière intelligente d’aborder une question récurrente que les Lois ne trancheront jamais, à parir du moment ou l’organisation laïque de l’Etat n’est pas remise en cause ? Le Président de la République a raison d’aborder cette question sans fard, tout en respectant la tradition républicaine et la laïcité.

Le président Sarkozy, le 14 janvier, devant le Conseil consultatif saoudien, à Riyad :

“Sans doute musulmans, juifs et chrétiens ne croient-ils pas en Dieu de la même façon. Mais au fond, qui pourrait contester que c’est bien le même Dieu auquel s’adressent leurs prières ? Dieu transcendant qui est dans la pensée et dans le coeur de chaque homme.  (…). Ce n’est pas le sentiment religieux qui est dangereux. C’est son utilisation à des fins politiques régressives au service d’une nouvelle barbarie. (…)

Je respecte ceux qui croient au Ciel autant que ceux qui n’y croient pas. J’ai le devoir de faire en sorte que chacun, qu’il soit juif, catholique, protestant, musulman, athée, franc-maçon ou rationaliste, se sente heureux de vivre en France. Mais j’ai le devoir aussi de préserver l’héritage d’une longue histoire, d’une culture et, j’ose le mot, d’une civilisation. Et je ne connais pas de pays dont l’héritage, dont la culture, dont la civilisation n’aient pas de racines religieuses. (…) La politique de civilisation, c’est ce que font tous ceux qui au sein même de l’islam - comme des autres religions - luttent contre le fanatisme et contre le terrorisme, ceux qui en appellent aux valeurs fondamentales de l’islam pour combattre l’intégrisme (…).”

Pierre-Jules GAYE dans l’Yonne Républicaine ne voit pas du tout les choses sous le même angle :

Gott mit uns !

[…] Que le chef de l’Etat utilise toutes les stratégies pour redonner du tonus à une croissance en berne, qu’il mette en oeuvre les réformes nécessaires pour améliorer la vie en société, il est dans son rôle. Mais qu’il utilise Dieu dans l’exercice de sa fonction de président de la République, il franchit la ligne jaune. Passe encore, à la limite, qu’il rappelle les racines chrétiennes de la France, mais lorsqu’il affirme que dieu est le meilleur rempart contre la folie des hommes, il fait frémir, il fait peur. Le Gott mit uns, les croisades, le fanatisme meutrier des fous de dieu, on sait où cela mène, l’histoire est chargée d’exemples de barbarie.


Le président de la République a introduit la notion de «racines essentiellement chrétiennes» de la France, oubliant le grand mouvement d’émancipation des Lumières, véritable révolution copernicienne qui place l’homme au centre de l’univers . Il affirme que la République a intérêt à compter beaucoup de croyants. Il demande aux religions, toujours dans l’intérêt de la République, de fonder la morale du pays. C’est le retour, qu’on croyait impossible en France, du mélange des genres entre l’État et la religion. La République n’a pas à sous-traiter l’espérance aux religions. La République est en charge de réaliser un monde meilleur. L’espérance religieuse et l’espérance civique ne sont pas de même nature. Suggèrer que la morale républicaine doit se fonder dans les religions, c’est (re) nier les valeurs qui fondent la République et notamment la laïcité qui en constitue le fondement et la clé de voûte. Il ne revient à aucune autorité civile de trancher une question de conscience.
Comme il est anormal qu’un président de la République se réfère à une religion plutôt qu’à une autre, au risque de rejeter toutes les autres, dans un Etat laïc qui garantit la liberté de culte, la liberté de croire et de prier mais aussi la liberté de penser, la liberté absolue de conscience. Un Etat laïc respecte les religions. Le chef de l’Etat outrepasse ses compétences.
La morale de l’instituteur n’est pas inférieure à celle du prêtre. Elle est la morale universelle au genre humain, qui prend garde à ne choquer aucune des familles, en respectant les convictions et les croyances de chacune d’entre elles. La laïcité détermine un espace public à l’intérieur duquel on ne fait pas intervenir la religion par l’autorité du dogme. La laïcité détermine aussi un espace intime, familial, où chaque être humain cultive des convictions, une vision du monde, qu’il ne peut imposer aux autres. Mélanger les deux, pire les confondre, est liberticide : l’homme n’est libre que si on empêche toute interférence entre ces ordres distincts que sont l’espace public et l’espace privé.

Pierre-Jules Gaye

Ne pas vouloir reconnaître et parler clairement de cette résurgence des questions religieuses dans la vie du monde avec son cortège de violences et d’intégrismes, n’est-ce pas jouer à “colin-maillard” ? Dans les faits le “dossier” a changé de nature. Oser ainsi, aborder ces sujets qui fâchent, n’est-ce pas exercer le principe de laïcité au bon niveau, celui du réalisme et pas celui du “dogme” ?

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