Best Love Rosie de Nuala O’Faolain,

Par Mango

C’est le premier livre de cette romancière irlandaise que je lis mais ce ne sera certainement pas le dernier. J’aime sa façon d’écrire,  sensible, précise, avec  une pointe de dérision et d’humour - toujours ! Elle se raconte derrière ses personnages, cela se sent et bien  que son roman ne soit pas une autobiographie,  on comprend vite que c’est d’elle et de ses propres émotions qu’il s'agit. D'ailleurs sa vie est proche de celle de  son héroïne, Rosie, une femme de son âge, la cinquantaine, ancienne journaliste ayant longtemps travaillé à l’étranger  mais qui, généreuse et reconnaissante,  s’est arrêtée de travailler pour s’occuper, à Dublin,  de Min, sa vieille tante  qui l’a élevée,  désormais alcoolique et dépressive. Elle la soigne de son mieux malgré sa propre solitude et les nombreuses difficultés dues en partie au comportement de cette malade très âgée et c’est en feuilletant des livres pour l’aider à soigner sa dépression qu’elle éprouve  soudain l’envie d’écrire à son tour des manuels d’aide psychologique  Elle va  pour cela se rendre à New York, bientôt rejointe par sa tante qui revit dans cette ville surexcitée et ce pays de tous les possibles. Au contraire Rosie, elle,  retourne en Irlande, dans la vieille maison de son enfance et s’y épanouit à son tour dans cet endroit magique, au milieu de ses animaux et de ses plantes, avec ses amis d’enfance et ses nouvelles connaissances.J'aime ces deux femmes lucides, au tempérament très fort, qui réussissent à maintenir une relation mère-fille tout à fait particulière et solide et qui prouvent que la vie ne s'arrête que quand on le décide, en choisissant sa propre fin de vie. Toute une vie en cinq parties : Dublin, New York, Stoneytown, Le pique-nique, L’hiver, dans un style séduisant,  avec des phrases aussi belles que celles-ci:. Quand Rosie lui accorde sa bénédiction pour partir à New York, en la laissant seule : « - Vas-y, :J’aurais dû te le dire : vas-y !- Je ne peux pas, ai-je répondu, sauf si tu acceptes d’aller m’attendre quelque part. Alors trouve-moi un endroit bien.S’il avait été dans nos habitudes de nous étreindre, je l’aurais étouffée dans mes bras. En l’occurrence, je l’ai déposée au pub en voiture parce qu’il pleuvait. »
Sa première nuit, à New York, dans un hôtel luxueux du centre, , le Harmony Suites:
"Malgré le décalage horaire, j'ai retardé le plaisir de m'endormir, tournant mon oreiller pour éprouver la fraîcheur de sa face encore intacte. On aurait pu donner une fête dans ce lit, comme ce couple d'Evelyn Waugh qui menait une vie sociale animée dans le sien."Best Love Rosie  de Nuala O’Faolain, (Sabine Wespieser éditeur, 2008530p) Traduit de l’anglais (Irlande) par Judith Roze) Titre original : Best Love Rosie, 2007Nuala OFaolain est décédée en mai 2008, à 68 ans d’un cancer foudroyant  Se sachant condamnée et qu’il ne lui restait que quelques mois à vivre (deux mois en réalité),  elle refusa  les  opérations et les soins pour retourner dans tous les endroits qu’elle avait aimés : Madrid,  Paris, la Sicile,  l’Opéra de Berlin pour y entendre une dernière fois le Don Carlo de Verdi (  Excellent article de Passouline à cette occasion.) Ce livre-ci restera  son dernier livre ! Elle a reçu le prix Femina  en 2006  pour L’histoire de Chicago May.Je me demande dans quels challenges  ce livre pourrait entrer. Je ne vois  que ceux de Kathel  et de Librivore