Le Président Ben Ali a orienté sa politique vers un libéralisme exacerbé, avec certes des résultats, mais également avec de très nombreux laissés pour compte dans la population. Cette situation s’est encore révélée fin décembre par des manifestations, notamment dans le centre ouest du pays, réprimées violemment par la police, occasionnant un mort parmi les étudiants. Car ce sont bien les étudiants qui ont pris le chemin de la révolte, ne supportant plus le chômage endémique qui touche particulièrement l’enseignement supérieur (près de 60% dans certaines filières selon les chiffres de la Banque mondiale).
« La jeunesse est au désespoir » et « Les diplômés réduits au statut de chômeurs ou de semi prolétaires » commente l’économiste tunisien Mahmoud Ben Romdhane. La situation est très tendue et pour la première fois depuis longtemps l’UGT (centrale syndicale unique parmi les salariés) s’est associée au mouvement. Le Président Ben Ali a en premier lieu « dénoncé les influences étrangères » suscitant ces manifestations puis a décidé le renvoi de plusieurs ministres ainsi que le déblocage d’une aide d’urgence à l’emploi dans la région de Sidi Bouzid.
Les problèmes de fond demeurent, avec un pouvoir « sclérosé » dit même un responsable du gouvernement américain ; il est vrai que la corruption y est importante et que la situation économique, si elle est plutôt encourageante, ne cache pas ces questions récurrentes. Comme l’a déclaré avec force le Parti socialiste, notre solidarité doit s’exprimer à l’égard du mouvement de protestation, dénonçant la violence policière et l’atteinte aux libertés fondamentales.
« La Tunisie est une grande nation qui a tout à gagner à concilier développement économique et progrès démocratiques, qui passent en particulier par le respect du mouvement social ».
André Piazza
Délégué fédéral de Seine-Maritime aux questions internationales et aux Droits de l’Homme