Minuit à Gotham : ça me déchire le coeur !

Par Hectorvadair @hectorvadair
Hommage à Kelley JonesBatman : Minuit à Gotham
Steve Niles/Kelley Jones
Panini 2010
De Kelley Jones, les amateurs français connaissaient quelques titres intéressants comme Deadman ou Aliens, respectivement publiés en 1990 et 1993 chez Comics USA et Darkhorse France.
Le style graphique plutôt "gothique" de Jones valait déjà largement le détour, et on a pu le retrouver depuis dans la série Sandman de Neil Gaiman.
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On voyait déjà très nettement l'influence d'un Berni Wrightson. Sur la mini série Deadman, "L'amour après la mort", cela était particulièrement flagrant, d'autant plus que l'univers du récit écrit par Mike Baron décrivait l'histoire d'une trapeziste fantôme séquestrée par un sinistre gérant diabolique dans un petit cirque perdu au milieu des bois. Quelques monstres empêchaient Deadman d'approcher, et les clins d'oeil à la Foire aux monstres (Wrightson/Bruce Jones) étaient nombreux, ce qui donnait déjà une belle recette, sans compter sur le récit tout en émotion délivré par le scénariste.
C'est d'ailleurs là que Kelley Jones s'en sort vraiment bien, : il s'entoure dans la majorité des cas de scénaristes talentueux, et il s'est d'ailleurs spécialisé de belle manière dans ce genre de récit fantastiques.
Ici, dans l'univers Batman, quelques titres particulièrement savoureux sont apparus ces dernières années, mettant en scène notre justicier de Gotham aux mains de méchants vraiment diaboliques et ténébreux.

Avec Doug Moench au scénario, depuis 2008 (en France), il a dessiné trois gros pavés dans une série mettant en scène Dracula : Pluie de sang, l'héritage de Dracula, la Brume rouge.
Avec ce dernier titre traduit en Mai 2010, on découvre un nouvel ennemi : "Minuit", sorte de sorcier fou plutôt fort et intelligent, qui arrache le coeur de ses victimes. Il utilise les services d'autres méchants : l'épouvantail, Joker, Gueule d'argile, Croc , Catwoman pour arriver à ses fins.
La subtilité du scénario, en dehors des belles ambiances particulièrement noires et dures qu'elle met en place réside dans le fait qu'il dévoile le pôt aux roses qu'en toute fin de volume, ce qui offre un déroulement tout en angoisse et en suspens, comme peu de séries du héros de la nuit nous l'avaient jusqu'alors proposé.
Le dessin est magnifique, plein de hachures et d'angles, la colorisation de Michelle Madsen, de facture classique, réussie, et l'ombre de Berni Wrightson plane plus que jamais sur un récit vraiment terrifiant, où même l'amour s'invite au coeur de l'histoire.. pour mieux être brisé un peu plus tard. (voir la couverture à droite)

Une grande réussite, qui se lit d'une seule traite, mais lentement, vu le nb de pages : 326 ! Ce qui ajoute cependant au plaisir.
...Une oeuvre gothique de grande facture qui mérite sa place dans votre bibliothèque.
Plus haut à droite : une des couvertures originale par Kelley Jones, prise sur :
http://goodcomics.comicbookresources.com/