Je n'ai pas parlé de Qui veut épouser mon fils ?, émission diffusée ces derniers mois sur TF1 dont le principe était de faire rencontrer plusieurs filles à 5 fils ingrats et égoïstes âgés de 25 à 40 ans environ, vivant encore chez leurs parents, sous le patronage intraitable de mères possessives et tyranniques, dans le but de les caser ailleurs que sur le canapé parental. Outre la tendance sociétale sur laquelle surfe gentiment l'émission, il y avait donc là un terrain formidable pour une analyse psychanalytique de ce qu'elle nous montre des rapports mère-fils (au-delà d'une nécessaire exagération, compte tenu du programme). Mais je dois reconnaître que peut-être pour la première fois, le résultat était si abject qu'il réussissait à toucher mes propres limites du supportable. Beaucoup de mise en scène sans doute dans cette émission, peut-être de faux couples mère-fils ou de faux fils dépendants (on est de plus en plus proche de la fiction, bien sûr, mais quelle fiction ! Si seulement tous les programmes diffusés à la télévision pouvaient nous en dire autant sur les êtres humains !), mais des personnages fabuleusement exécrables, à la bêtise et à l'égotisme fascinant, et des mères d'un aveuglement révoltant.
Les épisodes sont encore disponibles sur le site de TF1 et c'est une véritable mine d'or (mise en garde pour le public humainement sensible, tout de même : c'est toujours étonnant, souvent choquant, quelquefois intolérable de bêtise et de mépris).
Et comme je suis un peu flemmarde, on en trouvera une analyse plutôt intéressante, quoique pas tout à fait exhaustive de l'analyste des médias François Jost, sur le site Rue 89. Il y évoquait notamment l'absence du père dans l'émission, pour des raisons selon lui essentiellement marketing, à laquelle j'avais ajouté ces quelques mots en commentaire :
Il me semble que le fait de ne pas évoquer le père est aussi simplement un moyen de renforcer le concept de "fils à maman" : ils mettent assez clairement la responsabilité de la dépendance du fils sur le dos d'une mère anxiogène, control freak et incapable de laisser son fils s'émanciper, faisant du fils l'objet de son besoin d'affection, et surtout de reconnaissance.
Moi j'ai vu dans cette émission une vive critique à l'égard des mères et en particulier des mères au foyer (ménagères de moins de 50 ans donc - la cible de TF1 en somme, c'est un comble) !Quoi qu'il en soit, scénarisation ou pas (bien sûr que c'est scénarisé, enfin ! Toutes les filles tombent amoureuses en une minute ! Mais quelle importance ?), il est très intéressant d'observer plus précisément les différentes réactions des garçons en question : certains suivent (consciemment ou non) le choix de la mère, un autre au contraire tentent de s'émanciper de son autorité, et les troisièmes, au profil de "séducteurs", déjà distanciés de la mère, sont obsédés l'idée de goûter toutes les filles qui les entourent, afin de faire un choix reposant sur l'expérience et non l'influence d'une personne extérieure.
A voir en particulier :
- le personnage d'Alban, un genre d'apothéose de l'ingratitude et de la bêtise, tant avec sa mère (bourgeoise archétypale entourée d'œillères) qu'avec les filles qui le courtisent, tous deux d'une incapacité à se comprendre incroyable.
- le personnage d'Alexandre, garçon timide et peu expérimenté, écartelé une fille sage gentille, très à l'image de sa mère et une autre, hypersexuelle et provocante.
- Guiseppe et sa mère, semblant échappée de la Famille Addams, surtout drôles pour la caricature poussée à l'extrême.
Un exemple assez incroyable : Alban très sérieusement révolté qu'une de ses "prétendantes" n'aie pas envie de coucher avec lui.