Parlons cinéma. Trois semaines que "Les Petits Mouchoirs" de Guillaume Canet cartonne au box office. Ce, malgré la critique. Pour ne citer que la plus huppée :
C'est de régression qu'il faut parler avec Les Petits Mouchoirs, film aussi vide qu'est grande sa prétention (...) On ignore si Les Petits Mouchoirs est un film générationnel. Si
c'est le cas, on est – pour une fois – heureux de ne plus faire partie de cette génération-là...
C'est l'histoire d'une petite bande rassemblant un nouveau riche perdu dans ses valeurs matérialistes, un homme-enfant qui ne voit pas plus loin
que son dernier SMS, une fille à Birkenstock et cigarettes roulées, un bout-en-train qui cache ses fêlures sous des blagues graveleuses, etc. Traditionnellement chaque été ils se retrouvent au
cap Ferret, seulement cette fois le plus drôle du groupe doit rester à Paris pour cause de coma, suite à un accident de scooter. Ses congénères sont tiraillés entre le souci de rester à ses côtés
et la tendance de l'homo festivus à partir s'éclater en vacances. La seconde option triomphe, the show must go on. Les joyeux drilles n'en oublieront pas pour autant le moribond : plusieurs
caisses de rosé leur permettront de trinquer à sa santé qui se dégrade.
Guillaume Canet recherche l'efficacité. Tous ces gens existent, on les connaît, il les réunit en un tableau sociétal cru mais juste. Drame
de bobos raconté par un bobo à des bobos, et que les acteurs jouent sans bobo ni fausse note au son d'une bonne musique. Que demande Télérama ? Trouve-t-il qu'il pousse dans le genre
larmoyant ? S'il y en a qui prétendent n'avoir pas versé une larme à la fin du film, je suis prête à aller inspecter à la sortie le mascara des dames et les lunettes des messieurs.
Les gens qui n'aiment pas le peuple ont des idées sociales, les gens qui n'aiment pas les enfants ont des idées pédagogiques, dit Pierre
Gripari. À quoi on peut ajouter que les gens qui n'aiment pas le cinéma ont des idées sur le cinéma et les développent de préférence dans Télérama. Aujourd'hui, pour mériter l'estime
de l'auguste critique, le cinéaste doit lui proposer du faux, de l'absurde, de l'ennuyeux et de l'obscène. Ce qui nous fait, nous, mouiller pour de bon nos mouchoirs.