Quand la Chine achète le monde

-La Chine prend une importance croissante dans l'économie mondiale, même en ces temps d'instabilité-

La Chine dispose d’un pouvoir dont les pays occidentaux manquent depuis quelques temps : l’argent, le nerf de la guerre.

La chine est aujourd’hui la deuxième puissance économique du monde devant le Japon et derrière les Etats-Unis. Mais son influence va crescendo. Elle possède les plus grosses réserves en devises du monde avec près de 2 650 milliards de dollars (2 015 milliards de d’euros). Elle possède une partie importante de la dette américaine. Cela permet à l’Empire du Milieu d’influer sur la politique américaine et de ne plus subir ses ordres. La Chine refuse d’accéder à la requête desEtats-Unis qui leur demande de réévaluer leur monnaie (le Yuan) et comme ils en ont besoin pour leur dette, ils ne peuvent pas vraiment insister. Ainsi Pékin parvient à rester ferme face aux Etats-Unis que tout le monde pense être une puissance incontestable. Pékin reste à la merci de la demande américaine mais les nouvelles émissions de bons du trésor américains sont englouties par une Chine obligée de recycler ses excédents courants (excédents actuels). C’est ce que les économistes appellent la « Chinamérique ».

Mais, l’Empire du Milieu ne s’arrête pas en si bon chemin. Après l’Amérique, elle s’attaque à l’Union Européenne et plus particulièrement à la zone euro dont certains pays sont en grande difficulté en ce moment (Grèce et Irlande entre autres). En effet, elle fut touchée au printemps 2010 par la crise grecque qui la fit vaciller. Les Etats de la Zone après beaucoup d’hésitations qui n’arrangèrent pas les choses au contraire, prirent la décision d’aider la Grèce sous forme de prêt (mais la Grèce pourra t-elle rembourser ?). Cette dernière ne pouvait plus emprunter sur les marchés du fait de la dégradation de sa note par les agences de notation qui entrainèrent une hausse de ses taux d’intérêts et la peur des marchés pour acheter les bons du trésor grecs. L’hésitation des pays européens renforça la peur des marchés et aggravé la situation de ce pays. La Chine a promis de soutenir la Grèce dès que cette dernière recommencera à emprunter sur les marchés.

Puis dernièrement, le 23 décembre 2010, Pékin a déclaré sa volonté d’aider concrètement la zone euro. « Nous sommes prêts à aider financièrement les pays de l’Europe à surmonter la crise financière » a déclaré le porte-parole du ministère chinois des affaires étrangères. « A l’avenir, l’Europe sera un de nos principaux marchés pour investir nos réserves de change ». La veille, le quotidien lusophone Jornal avait indiqué que Pékin serait prête d’acheter 4 à 5 milliards d’euros de dette souveraine portugaise. Une aubaine pour ce pays d’Europe du sud en proie à de fortes pressions sur le marché obligataire surtout depuis la crise irlandaise de novembre dernier. Pour les économistes, il est le prochain sur la liste des instances de notation du fait d’une dette importante et d’une économie morose.

Quel est l’intérêt autre que géostratégique ? Les européens sont aussi très demandeurs des productions chinoises, notre déficit commercial avec cette dernière tend à le prouver. Mais si la Grèce ou le Portugal s’effondre en quoi cela regarde t-il la Chine ? Elle aura toujours des clients pour ses exportations. Ce n’est sûrement pas non plus parce qu’elle croit en l’euro. C’est plutôt le contraire. En effet, la Grèce et le Portugal appartiennent à l’Eurozone. Donc s’ils s’effondrent, c’est toute la zone euro qui tombe aussi et donc la demande européenne. Donc en soutenant la Grèce et le Portugal, la Chine tient à bout de bras l’euro et est sûre d’avoir un retour sur investissement. C’est ce que les économistes commencent à appeler, en référence à ce qui se passe aux EU et dont j’ai parlé plus haut, la « Chineurope ».

L’Empire du Milieu profite donc aujourd’hui de sa croissance exponentielle et de la rentrée de nombreuses devises pour soutenir l’économie du monde.Elle a tout intérêt à ce que les puissances de la Triade ne sombrent pas pour continuer à se développer.

Sources : Le Monde

Florian Thomas