... Katharina Grosse ne fait pas les choses à moitié. Quand elle occupe un espace, on peut dire sans crainte de se tromper qu'elle occupe l'espace. Si vous êtes galeriste et que vous avez moins de 70 mètres carrés, oubliez Katharina Grosse, c'est pas pour vous. Car Katharina fait dans la démesure, dans le volumineux. Telle le boa sur sa proie, elle étouffe, elle congestionne, elle broie l'espace qui lui est dévolu avec ses installations mêlant matières brutes très brutes, peintures très peintes de partout et un peu d'architecture de ci de là (toujours au 23, rue Quincampoix). Katharina ne rentre pas dans le cadre car il peinerait à contenir la force de sa créativité. C'est pourquoi elle déborde, elle avale les lieux qu'elle s'approprie, Gargantua de l'art, peintre sans frontières physiques. Au MASS MOCA qui n'est pas un café pourri super cher de chez Starbuck's mais le Musée d'Art Contemporain du Massachussets, Katharina a pris ses aises. Et nous, une bonne claque.
Quand elle n'est pas au MASS MOCA, parfois Katharina arrive à se calmer un peu pour ne pas déborder. Mais en général, ça ne dure pas et son besoin d'espace reprend vite le dessus.
Et c'est reparti comme en 40 et je ne dis pas ça car elle est Allemande. Mais Katharina ne résiste pas à ce qu'elle appelle ses "Constructions à Cru" très longtemps. Sinon, Katharina est née à Fribourg en 1961 et elle travaille à Dusseldorf et à Berlin car Dusseldorf tout seul, ça faisait un peu juste niveau espace et puis en plus, elle enseigne aux Beaux-Arts de Berlin alors c'était assez pratique. Grosse talent quoi qu'il en soit (et il en est, n'est-il pas ?).