Un « pirate » excédé par les systèmes de protection des jeux à écrit une longue lettre à UbiSoft afin de leur apprendre pourquoi il avait basculé du coté obscur. Cette lettre a été reprise sur divers sites Internet, en voilà une traduction en français.
Cher Ubisoft,
Devant le communiqué sur le système de protection par connexion en ligne d’AC2, je vais prendre le temps de vous répondre. Après tout, vous passez du temps à vous plaindre des pirates, mais vous ne semblez pas en avoir déjà rencontré.
Ce soir, je me sens une âme d’humaniste, alors je vais faire l’effort de vous expliquer vos erreurs, en vous racontant comment je suis devenu un pirate.
Je vous encourage à faire suivre ce message à vos patrons, parce qu’ils semblent totalement se méprendre sur leur clientèle, ce qui signifie la « mort » pour un commercial.
Je vais donc vous raconter une petite histoire. C’est l’histoire d’un petit garçon. On va l’appeler Kevin.
Alors Kevin est un garçon normal, il a des parents pas très riches, de classe moyenne, comme la quasi-totalité de vos consommateurs.
Les parents de Kévins n’y comprennent rien aux jeux vidéos, ce n’est pas de leur génération ces trucs là. Ils voient juste que ça fait plaisir au petit. Alors ils les achètent. Megadrive, Gameboy, Mastersystem, Playstation, XBox, etc.
Mais ça coût de l’argent. Kévin ne se rend pas compte de tout ça. Parce que Kévin, c’est un gosse, l’argent, il ne sait pas trop ce que c’est.
Kevin a juste son cerveau lavé par la société de consommation, et par toutes les publicités dans lesquelles vous noyez les enfants pour les forcer inconsciemment à acheter vos produits (après tout, c’est votre travail : forcer les gens à acheter vos produits par tous les moyens nécessaires), alors Kévin se contente d’emmerder ses parents pour acheter les consoles jusqu’à ce qu’ils craquent.Mais Kévin, comme tous les enfants, il grandit. Il commence à travailler, et à gagner sa vie.
Au début, il ne gagne pas beaucoup d’argent, comme beaucoup de gens. Il voudrait jouer, mais les consoles sont très chères.
300 euros la console, 60 euros la manette, 60 euros le jeu, on arrive vite à 500 euros. Et Kevin, il a des choses plus utiles à acheter qu’une console de jeu vidéo trop chère.
Mais le cerveau de Kévin continue d’être lavé par la société de consommation. Même sans télévision. Alors il veut jouer.
Comme beaucoup de gens, Kévin a un ordinateur pour travailler. Un ordinateur, c’est beaucoup plus utile qu’une console. On peut un faire du traitement de texte, aller sur internet, installer des programmes, et faire un nombre énorme de choses.
Et il découvre que beaucoup de jeux qu’il y avait sur console sont aussi sur PC, et en mieux !
Meilleure qualité graphique, parce que pas limitée par l’électronique de la console ; en plusieurs langues, il peut donc travailler son allemand ; avec un meilleur son ; avec une manette prévue pour PC qui ressemble exactement à celle de sa console préférée…
Kévin découvre aussi que les jeux qu’il adorait, à savoir les FPS comme Mass Effect ou The Elder Scrolls, c’est bien plus pratique d’y jouer sur PC, parce qu’avec une manette au lieu d’une souris, c’est totalement injouable.
Et puis kévin découvre que les supers jeux qu’il avait sur ses anciennes consoles, il peut y jouer sur PC, avec des émulateurs. Des jeux qu’il croyait perdus ! Parce que ces foutues consoles ne sont pas rétro-compatibles !
Avant, les consoles, on les achetait parce qu’il n’y avait pas de bugs. On mettait le CD et on jouait. Mais ça a évolué ! Maintenant, sur les consoles, il y a des patchs, des téléchargements, des bugs, des mises à jour, des réseaux… C’est exactement comme sur le PC !
Pour le même prix qu’un PC, on achète une console de jeu, qui a tous les inconvénients du PC… mais sans les avantages !
Kévin réalise alors qu’il était vraiment le dernier des cons d’avoir demandé à ses parents d’acheter une console de jeu, et que tous cet argent aurait pu servir à quelque chose de beaucoup plus intelligent.
Alors Kévin commence à jouer sur PC. C’est bien mieux que les consoles, c’est plus rapide, c’est plus beau, et c’est moins cher.
Seulement il y a un truc super-chiant sur PC : les protections. Il faut absolument mettre le CD dans l’ordinateur pour jouer. Kévin, il n’imaginait pas faire autrement, après tout, il a grandit avec les consoles. Et au fur et à mesure que les jeux se perfectionnent, les protection évoluent aussi.
Et Kévin commence à en avoir marre des protections comme la StarForce 3 ou d’autres merdes dans le genre, qui POURRISSENT l’ordinateur, en écrivant des clés de registre non supprimables, en polluant les dossiers système, les pilotes, etc.
Kévin ne comprends rien dans tout ce bordel. Les jeux mettent de plus en plus de temps pour se lancer, parfois presque 1 minute !
Ensuite, il découvre des jeux où il faut obligatoirement se connecter pour installer ! Kevin aime sa vie privée, il ne veut pas être enregistré à chaque fois qu’il veut jouer !
Alors Kévin commence à se tenir au courant de l’actualité numérique. Et il découvre que les industries sont paranoïaques à causes des pirates.
Mais c’est quoi un pirate ?
Alors Kévin, il commence à en avoir ras-le-cul de toute cette merde. Après tout, le client paye, le client est roi. C’est la règle numéro 1 du commerce, non ?
Alors Kévin, il va sur Wikipedia, et il se renseigner. Sur le piratage, les protections, etc.
Il découvre ce que c’est qu’un crack, un patch no-cd, et comment l’obtenir. Et il découvre qu’il y a des cracks pour TOUS ses jeux.Alors Kévin, il télécharge son crack, il remplace l’exécutable du jeu par le fichier du crack, et… Hop ! Ca marche !
Il suffit de cliquer, et youpi, le jeu se lance ! Pas de temps d’attente ! Pas de nécéssité de se connecter à internet ! Tout est parfait ! Tout est… Tout est exactement comme ça aurait dû être depuis le début.
Alors, Kévin, il crack tous ses jeux. C’est bien plus pratique. Et puis Kévin, il commence à se demander pourquoi il devrait payer ses jeux. Après tout, sur bittorrent ou emule, on peut les avoir gratuitement.
Mais kévin, il bosse dur, et ça le fait chier de télécharger des jeux de 7 à 20 Go pendant des jours d’affilé. Il habite un petit appartement parisien, Paris est une ville très bruyante, et Kévin, il aime bien éteindre son PC, le soir avant d’aller se coucher. Alors il contenue d’acheter, mais il n’aime pas ça.
Et après cela, les entreprises de jeu vidéo commencent à sortir des jeux vidéos incomplets. Là c’est vraiment incroyable. Il faut payer pour voir la fin, payer pour avoir du contenu téléchargeable supplémentaire, payer, payer, payer, bientôt il faudra payer pour jouer.
Alors Kevin en a marre. Il va voir sur internet, et il trouve des packs en .zip, des images CD et des cracks, lui permettant d’avoir un produit finit, facile d’accès, et agréable à jouer, sans contrainte.
Remarquez le paradoxe : non seulement les pirates fournissent un meilleur produit que les vendeurs, mais les honnêtes consommateurs se font en plus traiter de pirates !
C’est exactement la même chose avec l’industrie du cinéma.Vous l’aurez certainement compris, l’histoire de Kévin est la mienne.
Chers messieurs de chez Ubisoft, de chez Electronic Arts et ailleurs, je suis devenu un pirate parce qu’actuellement, c’est la seule voie que vous proposez.
A chaque fois que vous aggressez le consommateur, que vous lui mettez des restrictions, du contenu incomplet, que vous l’insultez, que vous cherchez à le culpabiliser, à chaque fois que vous faîtes cela, vous créez un pirate.
Je suis devenu un pirate avec le dernier « Prince Of Persia », celui où il fallait payer pour voir la fin du jeu. Là, j’ai considéré que c’était trop, j’ai décidé de ne plus jamais payer un seul jeu Ubisoft jusqu’à ce que ceux-ci soit comme ils devraient être, c’est-à-dire sans protection, et complets.
Regardez des jeux comme les Sins of a solaar empire, Galactic Civilizations 2, Demigod, ils ont fait de très bonnes ventes, et pourtant ils n’avaient aucune protection. Pourquoi ? Parce qu’ils étaient à un prix raisonnable, et qu’ils n’imposaient aucune contrainte au joueur.
Bien sûr, il y a eu du piratage sur ces jeux aussi, mais autant qu’avec les jeux protégés, et même moins. Regardez SPORE, ses ventes ont été complètement ruiné par sa protection…
Les protrections ne servent à rien, à part ennuyer l’honnête consommateur, et le pousser à devenir un pirate.
Si vous continuez à vouloir sans cesse vendre vos produits trop chers, vous allez finir par épuiser le consommateur.
Pour bien gagner de l’argent en faisant des affaires, il faut prévoir les choses à long terme.
Le fait de vouloir gagner trop d’argent à court terme est ce qui a provoqué la crise économique actuelle.
Votre problème, chers commerciaux, c’est que votre métier vous apprend à ne faire confiance à personne. Mais vous devez recommencer à faire confiance à vos consommateurs. Vous devez accepter de fermer les yeux sur les quelques pirates qui vont jouer au jeu sans le payer, et penser aux autres, car les pirates ne sont pas majorité.
Le piratage n’était qu’un phénomène mineur au début, mais en cherchant à le combattre sans épargner les honnêtes consommateurs, vous l’avez amplifié.
Vous croyez réellement que les consoles de jeux se vendront toujours aussi bien, si elles se mettent à ressembler de plus en plus à un PC ? Et si elles coûtent le même prix ?
Vous croyez réellement que ne pas sortir les jeux sur PC et que sur les consoles va stopper le piratage ? Bien sûr que non. Il y aura simplement de plus en plus de pirates qui chercheront à hacker les consoles, et les jeux sur consoles seront piratés de plus en plus.
Les consommateurs ne doivent pas être pris pour des gamins. Si vous cherchez à les sanctionner comme des enfants, ils feront la même chose, et ça ne s’arrêtera jamais.
Le piratage n’est maintenant plus une cause, c’est une conséquence. Une conséquence de votre avarice et de votre gourmandise. Une conséquence de votre mépris du consommateur.
Je ne sais pas si vous connaissez Jean De La Fontaine et sa fable « la poule aux oeufs d’or », mais si vous ne la connaissez pas, je vous conseil de la lire. Car vous êtes actuellement en train de tuer votre propre poule aux oeufs d’or, c’est-à-dire de détruire votre propre marché.
J’espère que vous éviterez l’iceberg à temps, avant de couler. Parce que j’aime bien vos jeux, mais j’aime quand ils ne sont pas trop chers, et je ne veux pas avoir à faire une reconnaissance ADN à chaque fois que je veux jouer.
(Source)