Un titre très clair : Moi, Eugénie Grandet.
Louise Bourgeois se représente en personnage de Balzac.
C’est l’occasion de visiter la Maison de Balzac dans le 16e arrondissement de Paris, passant par la rue Berton par où, dit-on, Balzac fuyait ses créanciers, et qui est encore une voie pavée, classée de Grande Randonnée, trop étroite pour laisser passer une automobile. A quelques mètres, un drapeau rouge portant une lune décroissante et une étoile blanches signale l’ambassade de Turquie, installée dans l’ancienne clinique où a séjourné Gérard de Nerval et où Guy de Maupassant est mort.
La Maison de Balzac est, pour l’occasion, presque entièrement tournée vers cette pauvre fille, dont le père, vigneron à Saumur, a saccagé la vie affective par excès d’avarice, Eugénie Grandet. Des manuscrits de l’auteur de la Comédie Humaine, pour une grande part composée dans ces lieux, montrent ce travail acharné de l’écrivain. C’est toujours un moment émouvant que de voir le travail en cours d’un artiste. Et de voir comment, peu à peu, les corrections s’amenuisent et comment le texte devient définitif.
La présence de Louise Bourgeois dans ces murs, ces pièces assez petites où j’aurais aimé me pencher aux fenêtres, semble leur donner une vie particulière. Comme si Balzac lui-même devenait visiteur, spectateur des travaux et des jours de son personnage. Des torchons, de la broderie, des dessins de femme enceinte, soit couronnée d’une fleur de tissu, soit bordée de citations du roman. Le plancher qui craque et les images d’horloges faites de perles, de boutons, de fleurs, donnent le sentiment du temps qui passe, loin de l’agitation que nous retrouverons en rejoignant les bords de Seine, en traversant l’Île aux Cygnes.
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