Détours de chant approche à grand pas et à cette occasion Philippe Dutheil du trio les Grandes Bouches nous livre une interview passionnante avant leur passage le 5 février à la Salle Nougaro.
A quelque semaines des dix ans de Détours de Chant, nous sommes allés à la rencontre d'un des groupes les plus intéressants de la programmation 2011, les Grandes Bouches, et de son leader Philippe Dutheil. Auteur-compositeur, l'une des bouches harmoniques de ce trio musical revient sur les origines du groupe, ses influences mais aussi la chanson et le festival Détours de Chant.
Tout d'abord, qui sont les Grandes Bouches ?
Bonne question. Les Grandes Bouches sont un trio vocal avant toute chose. L'importance est le mélange des voix de mes comparses et moi même. C'est pour ça que je préfère parler de trio vocal.
D'où vient le nom de ce trio ?
C'est un copain qui a trouvé ce nom. En parlant, en expliquant le trio vocal, on a remarqué que les Grandes Bouches avait une signification dans la cité : c'est celui qui parle beaucoup, qui utilise la langue... On a donc approuvé ce nom avec la distance suffisante mais un nom qui correspond parfaitement à la chaleur sur scène.
Comment est composé le groupe ?
Je parlerais toujours de trio. On a Anne à la batterie et Rémy à la guitare. C'est la formation qu'on va proposer à Détours de Chant. L'intérêt des grandes bouches est d'être à plusieurs, mais aussi recevoir d'autres. C'est comme un outil. On fait de la chanson française, des spectacles de jazz, le tout selon nos envies. Le trio vocal est aussi un instrument de musique créant des spectacles de chansons engagés et engageants. On y fait graviter les voix pour aller parfois jusqu'au Big Band.
Pour un tel projet, il faut une synergie exceptionnelle, pas trop difficile à trouver ?
Elle s'est faite de suite. L'intérêt était de créer un outil, ce qui comprend beaucoup de travail. Ce n'est pas aussi simple. Une fois cet outil créé, on peut aller partout, jouer chez des copains...C'est très intéressant.
Je sais que cette question peut agacer mais c'est quoi le style des Grandes Bouches ?
Le style est vocal. Il y a toujours trois voix qui se mêlent, s'entremêlent, s'entraident...Notre amour de base est le swing. Aussi bien musicalement, que dans la voix. Le swing remue, balance, c'est ce qu'on veut avec le groupe. La chanson française, on en fait partie mais avec l'envie de faire résonner du swing et de mélanger nos influences.
D'ailleurs, quelles sont vos influences ?
Avant tout, on a chacun nos propres influences. Rémy est plus branché blues, Anne c'est la chanson française comme Nougaro et Brassens. Pour ma part, c'est plus le jazz comme Double six, et tous ces chanteurs qui utilisent la voix comme un instrument. C'est le mélange de chacun qui ressort sur scène.
En février, c'est Détours de Chant, qu'avez vous prévu pour vos concerts ?
C'est la concordance entre deux anniversaires, les dix ans de Détours de chant, et nos cinq ans. On va amener un gâteau sur scène pour l'occasion. Cinq ans, c'est un joli parcours pour un groupe. On va donc faire une relecture de nos anciens morceaux avec des amis, des arrangements différents pour une relecture plus juste de nous même. Le temps passe et on est encore là. C'est effrayant, mais en même temps, c'est super. L'outil fonctionne à plein. On prépare toujours des créations, donc continuer à écrire des chansons.
L'écriture est très intéressante dans votre trio, car les voix se mêlent sur le texte à merveille. Mais, comment se passe le processus créatif ?
Pour l'écriture, c'est plutôt moi. C'est une écriture solitaire. Etre collectif est très difficile la dessus. Pour le côté musical, on est une fratrie. Ce sont mon frère et ma soeur. J'aime le terme de "jumeaux à trois". Car, on n’a pas besoin de mots pour se comprendre. On se rapproche de jumeaux dans le sens où on utilise un langage pas très compréhensible pour les autres. C'est assez touchant, c'est le ciment de nos vœux musicaux. Et, cela simplifie les choses.
Les grandes bouches, c'est aussi de la musique engagée en studio comme sur scène !
C'est très important de rester en contact avec la réalité. On est engagé dans la vie, dans la société qui nous permet donc cette lecture sincère. Sur scène, c'est un moment de partage avec le public sans contrepartie. Ou, une seule, que le public participe. Quotidiennement, on n’en partage pas assez. On a d'ailleurs notre slogan dirigé, en plus d'être rigolo : "Partager plus, pour partager plus". C'est vraiment notre philosophie. Le partage amène un supplément d'âme, une seule sortie viable et la seule civilité possible à notre monde. On pousse donc dans ce sens sur scène avec un spectacle interactif d'1 à 2 heures.
Peux tu me dire deux mots sur Détours de Chant et la Salle Nougaro, je sens que t'y es très attaché.
La Salle Nougaro est un lieu génial. En plus, Claude Nougaro est un peu notre grand père. On n’aurait pas fait ça sans lui, au niveau de l'écriture et du swing dans le français. Il a chanté avec l'accent du sud, et poussé l'intonation des "E". Une vraie fierté. Pour détours de chant, je suis si fier d'y être. On avait trop envie. On est avant tout des chanteurs, et un festival en l'honneur de la chanson, on aurait été triste de ne pas y participer. Cela va être une très grande fête.
Question rituelle, qu'est ce qu'une bonne chanson pour toi ?
D'un point de vue d'artisan, c'est une chanson qu'on peut chanter juste à trois voix et une guitare. Dans sa version la plus simple, en général. Sinon, je dirais que c'est une chanson qui met en voix, qui donne à rêver et qui nous sort de notre quotidien.
> La programmation du Festival Détours de Chants 2011
Détours de chant du 28 janvier au 6 févier 2011 à Toulouse et ses environs.
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Programmation Salle Nougaro