Dénonciation interdite

Publié le 06 janvier 2011 par D.ieu Nous Aime...
En Ouganda, en octobre 2010, un journal proposait de pendre les homosexuels dont il publiait la liste.
Le journal publiait les noms, les adresses et les photos d'une centaine de personnes présentées comme les gays et les lesbiennes les plus influents du pays, avec comme titre "Pendez-les!"
L'article, publié dans le journal Rolling Stone, accusait les homosexuels d'essayer de "recruter un million d'enfants innocents" d'ici 2012.
Le rédacteur en chef de l'hebdomadaire avançait même l'idée que la liste qu'il publiait pourrait être utilisée par les autorités ougandaises pour procéder à leur arrestation.
Des militants des droits de l'Homme avaient affirmé peu après cette dénonciation qu'au moins quatre personnes présentes sur la liste en question avaient été agressés depuis sa publication, et que d'autres se tenaient dans la clandestinité.
Certains avaient même du dû quitter leur emploi parce qu'ils y étaient insultés.
Rappelons, que l'Ouganda réprime l’homosexualité par des peines d'emprisonnement pouvant aller jusqu'à la prison à vie.
Un projet de loi prévoyant d'aggraver la pénalisation jusqu'à la peine de mort dans certains cas avait été envisagé il y a un an avant d'être mis de côté devant la pression internationale.

Parlant du projet d'aggravation de la pénalisation de l'homosexualité en Ouganda, Julius Kaggwa, un militant ougandais des droits homosexuels avait déclaré lors d'une conférence de presse à Washington, le 20 octobre, "L'homophobie est une sentence de mort".
Il avait ajouté "Même si vous enlevez la peine de mort du texte de loi, c'est encore une sentence de mort car les homosexuels sont ostracisés, coupés de la vie sociale, on leur refuse l'accès aux soins, aux services de santé, au logement".
Julius Kaggwa a été distingué en 2010 par l'organisation de défense des droits de l'Homme Human Rights First, pour son combat.
Les dénonciations haineuses de gays et de lesbiennes désignés à la vindicte populaire dans les médias et notamment la presse ne pourront désormais plus avoir lieu sans sanctions judiciaires.
En effet, le 3 janvier 2011, un juge a estimé que les médias locaux ne pouvaient pas rendre publique l'identité de personnes présumées homosexuelles, invoquant le droit constitutionnel à la vie privée.
Le juge a émis une injonction permanente au journal Rolling Stone, mais sa décision concerne tous les médias ougandais.
Elle fait suite à une action en justice de trois militants LGBT du groupe Sexual Minorities Uganda (SMUG) dont les photos et les adresses avaient été publiés dans un numéro de Rolling Stone.
Selon leur avocat, le juge a également statué sur le fait que la vie des requérants avait été menacée.
Ils ont obtenu 500 euros de dommages et intérêts à ce titre et le journal Rolling Stone a été condamné à payer tous les frais juridiques.
Frank Mugisha, le responsable du SMUG a salué cette décision, dans une brève interview téléphonique au magazine gay américain The Advocate.
Il a déclaré "Le point de vue de l'organisation, c'est qu'au moins, nous sommes satisfaits que le système judiciaire ougandais se soit montré indépendant et qu'il ait dit que toute personne a droit à la vie privée indépendamment de son orientation sexuelle. C'est un geste pour indiquer au gouvernement ougandais qu'il devraient décriminaliser l'homosexualité".
Lors d'une audience précédente, le juge avait en effet suggéré que le droit de l'Ouganda contre l'homosexualité devrait être réexaminé.
Seigneur, merci pour la liberté d'aimer.