On le voit, le cirque de Romanès se tient loin de tout effort de composition, loin de tout ce qui n’est pas la poésie la plus simple, l’élan le plus sauf de l’âme. L’on retrouve ainsi en ce cirque si particulier un esprit tsigane, lequel est partout présent dans les poèmes d’Alexandre Romanès, ou, plus exactement, cet esprit est lisible dans les aphorismes poétiques (car ici aucune nécessité intérieure ne motive le découpage en vers) malgré la littérature, à laquelle ils appartiennent de facto, laquelle littérature suppose construction, ouvrage…, et ainsi n’est pas faite que de la spontanéité nue du cœur – et vise même à contraindre cette spontanéité à adopter la pose du littéraire : du beau, du tendre (c'est-à-dire de l’euphonie, de l’abouti formellement), et ainsi à s’annihiler dans ce qui n’est pas elle et qui revêt, au fond, si peu d’importance. Aussi, ce qui vient du cœur n’est-il pas tendre, mais au contraire c’est là le plus brut, et donc le plus dur. « (…) [L]e cœur est la chose la plus dure du monde, contrairement à l’opinion courante qui dit que le cœur est tendre.2»
(pour lire l’intégralité de cet article d’environ huit pages, télécharger le fichier joint)
Téléchargement Matthieu Gosztola, Etude sur la poésie d'Alexandre Romanès
Matthieu Gosztola
Alexandre Romanès, Sur l’épaule de l’ange, Gallimard
1. « Romanès, cirque tsigane », article de Francis Marmande paru dans la « Chronique culture », in Le Monde du 06/12/07.
2 Christian Bobin, La lumière du monde, Paris, Gallimard, Folio, p. 121.