A l’aube de cette nouvelle année, Philippe Cassegrain, directeur de la Clinique Générale-Beaulieu, revient sur le débat des établissement répertoriés ou conventionnés, réaffirmant l’exigence d’excellence de la clinique.
Clinique privée fondée en 1899, la Clinique Générale-Beaulieu sera-t-elle en 2012 un établissement répertorié ou un établissement conventionné ? Derrière ces termes un peu rébarbatifs, c’est un véritable changement de paradigme que la médecine libérale s’apprête à vivre en 2011, année de transition s’il en est. Car, par la volonté des Chambres fédérales, deux réformes majeures entreront en application dans deux ans.
L’introduction des DRG et de la nouvelle planification hospitalière, dont les conséquences nous sont rappelées dans ce numéro par Luc Schenker. La nouvelle planification hospitalière implique des choix et des négociations. Avec les autorités du canton si l’on accepte de devenir un établissement répertorié. Avec les assureurs si l’on adopte la forme de l’établissement conventionné. L’une ou l’autre formule comporte des avantages et des désavantages. Mais, quelle que soit la solution retenue, il est une évidence que nos collègues et amis vaudois ont déjà pu mesurer: les exigences de l’Etat risquent d’être disproportionnées pour figurer sur la liste des établissements répertoriés. Ou, dans l’autre cas de figure, ce sont les assureurs qui tiendront alors le couteau par le manche pour négocier, si ce
n’est pas exiger, des baisses significatives de tarif. Comme le souligne la prise de position des cliniques privées vaudoises, sous la plume de Jean-Marc Bovy, secrétaire général de Vaud-Cliniques, la réforme de la LAMal est beaucoup sujette à interprétation par les cantons. Alors que le législateur fédéral visait à rendre tous les établissements hospitaliers compétitifs avec des prestations de qualité, le chef de la santé du canton de Vaud cherche à protéger les hôpitaux publics de la concurrence. Cette volonté de contrôle étatique n’est pas seulement l’expression d’une personnalité marquée par son combat pour la caisse unique, elle reflète aussi une tendance lourde que nous ne cessons de dénoncer : le recul lent mais constant de la médecine libérale en Suisse.
Les Genevois n’échapperont pas à ce débat lourd de sens pour la qualité des soins qu’ils sont en droit d’attendre, tant du secteur public que du secteur privé. Les pressions qui s’exerceront inévitablement sur les cliniques privées, qu’il s’agisse de l’Etat ou des assureurs, pourraient avoir des conséquences graves. En restreignant la
concurrence et en établissant des contrôles tous azimuts, les conditions d’exercice des cliniques privées pourraient être remises en question. Nous nous battrons, en étroite collaboration avec les membres des deux associations, vaudoise et genevoise, pour éviter ce qui s’apparente à un acharnement.
Des réflexions constructives seront formulées au cours des prochains mois en vue de rendre l’un ou l’autre choix acceptable. Si les cliniques privées veulent exister dans un environnement législatif, politique et économique de plus en plus contraignant, elles devront certainement faire preuve d’esprit de solidarité et d’unité.
Le nombre de lits n’est certes pas l’unité de mesure la plus importante face au poids du secteur public. En revanche, l’attachement de la population à des soins de qualité de haut niveau constitue sans nul doute un argument qui ne peut être balayé d’un revers de la main, fut-elle de gauche. Car la constance en matière de qualité qui nous caractérise incite aussi à l’excellence. En cela, le combat pour le maintien de cliniques privées fortes et viables est l’affaire de tous.
Philippe Cassegrain
Directeur de la clinique Générale-Beaulieu.