1.
PIED AU NEZ.
La poésie n’a que faire
de votre politiquement correct
traduit en censure.
Elles se moque de vos dogmes
laïques catholiques politiques économiques
éthiques ludiques et iques et iques
et iques et iques !
Hic et nunc
elle sautille elle frétille
elle s’expose
fait irruption
répartit des baffes dans l’assemblée
nationale
renvoie dos à dos
l’escroc et sa victime
l’angelot et le menteur
fait la danse du ventre s’hystérise
hypnotise
magnétise
plonge ensuite
dans une dépression profonde
se soigne aux antalgiques
aux analgésiques
aux biochimiques
jusqu’à ce qu’excédée
elle empoigne son toubib par le cou
et va se noyer avec
dans un bassin vide
Le lendemain matin au petit déjeuner
elle ouvre le journal
et s’étonne pour la nième fois
de l’imbécillité des gens
de la folie de ce monde
de la patience de Dieu
Non, elle n’est pas non plus
laïque.
2.
Vous qui suivez
les saltimbanques
qui accompagnez les clowns de l’Etat
qui portez la traîne
des dames de pouvoir
qui malaxez la sciure le crachat et la merde
pour en faire la langue de bois de l’ENA
qui performez tous les jours
en costume-cravate tailleur-pantalon
confusion asexuée
d’homosexuels cachés et de femmes qui s’occultent
mieux que sous une bourka
vous les robots des banques
des services des offices des sévices
infligés sur demande
à la chair fraîche
achetée au kilo à la source
vous aussi, les gens de bien
passant à côté sans jamais dire rien
préoccupés par vos affaires familiales
par votre boulot votre auto
votre maison de vacances estivale
et vous tous autres qui assistez comme moi
impuissants
à la déchéance de l’homme
aux catastrophes de la terre
à l’impassibilité du ciel
je vous emmerde
je m’emmerde
que faire sinon se tuer
ou prier
Il n’y a pas d’objet direct
ni personnel ni impersonnel
tout comme il n’y a pas d’sujet
dans la prière, vous savez ?
Non ne savez pas
vous en foutez
moi je le sais
mais moi ne suis pas
suis le pas du gué
pas à pas