« Le problème Chinois » tourmente de nombreux fabricants de vêtements et de textile du monde entier. Leur principal grief est que les Chinois ont tendance à produire des vêtements et des textiles à un prix très avantageux par rapport à ce qu’eux-mêmes sont capables de faire. En conséquence, les fabricants nationaux à travers le monde demandent des protections telles que les taxes sur les vêtements et le textile chinois, ou peut-être dans les cas extrêmes, une interdiction totale de ces marchandises chinoises. Même en Afrique du Sud on demande l’instauration d’une myriade de mesures protectionnistes pour protéger les industries locales « fragiles ». Mais comment cela affecte-t-il les consommateurs ordinaires sachant que la grande majorité d’entre eux bénéficient de vêtements à bas prix en provenance de Chine ?
Tout accord limitant l’entrée de produits moins chers (qu’ils soient chinois ou autres) dans le pays ne peut pas être dans l’intérêt de millions de consommateurs Sud-Africains qui vivent dans l’extrémité basse de l’échelle des revenus – des personnes qui peuvent rarement s’offrir nourriture et logement et sont extrêmement sensibles à tout changement de prix.
Les quotas, ou les protections, ont été mises en place pour donner aux fabricants de vêtements et de produits textiles Sud-Africains une période de grâce pour qu’ils deviennent plus compétitifs. Mais, comme l’ont montré les expériences passées, les industries protégées ne deviennent jamais plus efficaces. En effet, la protection qui leur est donnée leur enlève toute incitation à le devenir, et le résultat sont des appels persistants à des extensions de cette protection.
Et qu’en est-il du consommateur pauvre ? Ceux qui généralement bénéficiaient par le passé d’importations bon marché finissent par payer pour le manque d’efficacité des fabricants protégés. La dernière chose que la politique des États devrait faire est de concentrer la répartition des bénéfices sur quelques privilégiés au détriment de millions de Sud-Africains ordinaires. Comme Jeremy Warner l’a observé dans le Telegraph, le 19 Mars 2010, décrivant la réaction des groupes d’intérêts aux activités de fabricants, d’importateurs et de distributeurs de biens bon marché : « Les vertueux se trouvent dépeints comme les méchants. Si l’argument n’était pas si pervers, il en serait risible ».
En 1815 David Ricardo introduisait le concept d’avantage comparatif, démontrant que les producteurs devraient se concentrer sur la fabrication des produits pour lesquels ils sont les plus compétitifs. Prenons l’exemple hypothétique suivant, qui a été simplifié à des fins d’illustration. Supposons qu’un travailleur d’Afrique du Sud peut produire une machine de forage en une demi-heure, ou un ordinateur en une heure. Un travailleur chinois peut produire une machine de forage en vingt minutes, ou un ordinateur en dix minutes (bien sûr ces chiffres de productivité sont fictifs). Si l’Afrique du Sud et la Chine ne commercent pas, il faut une heure et demie pour produire à la fois une machine de forage et un ordinateur en Afrique du Sud, tandis qu’en Chine il faut une demi-heure. Si le protectionnisme règne, l’exemple s’arrête là.
En revanche, s’il y a libre-échange, les deux pays échangeront l’un avec l’autre et les deux seront gagnants. Si l’ouvrier chinois produit deux ordinateurs en vingt minutes alors que le sud-africain produit deux machines de forage en une heure, pour ensuite s’échanger une machine de forage contre un ordinateur, les deux seront mieux lotis qu’avant l’échange. Les Chinois obtiennent une machine de forage (sans avoir eu à le faire) et un ordinateur pour vingt minutes de travail (par opposition à une demi-heure) et les Sud-Africains (sans avoir eu à fabriquer un ordinateur) obtiennent également les deux produits pour une heure du travail (par opposition à une heure et demie).
Cet échange mutuel est un processus gagnant-gagnant. Dans un monde plus complexe les foreuses et les ordinateurs ne s’échangent pas les uns contre les autres. L’Afrique du Sud peut vendre des foreuses au Botswana qui vend à son tour des diamants au Japon qui les utilise pour fabriquer des machines spéciales qui fabriquent des ordinateurs, machines vendues aux Chinois qui fabriquent des ordinateurs vendus aux Sud-Africains.
Si le doute subsiste, le cas extrême peut être instructif. Considérons un pays qui veut être complètement autosuffisant et interdit toutes les importations. Dans ce scénario extrême, l’industrie d’exportation va certainement disparaître parce qu’il n’y aura aucune raison de gagner des devises étrangères pour acheter des importations. Les politiques qui visent à restreindre les importations sont donc en totale contradiction avec les politiques qui visent à encourager les exportations. C’est pour ces raisons que le commerce international est le moteur de la croissance économique. Il suffit de regarder les expériences des économies fermées par rapport aux économies ouvertes de voir dans la pratique.
Tout ce que chaque consommateur achète est le résultat des efforts individuels de millions de personnes disséminées à travers le monde. Peu de biens, sinon aucun, sont produits intégralement dans un seul pays. La division du travail profite à tous. Pourquoi les consommateurs Sud-Africains pauvres devraient-ils être empêchés, par des obstacles artificiels, d’obtenir des produits qu’ils préfèrent ou qu’ils peuvent se payer plus facilement parce qu’ils proviennent de Chine ? Pourquoi devraient-ils être punis parce que les Chinois se trouvent être les producteurs de vêtements les plus efficaces ? Et pourquoi les Chinois devraient être punis parce que nous ne pouvons pas produire les mêmes marchandises avec la même efficacité ou avec le moindre coût ?
Pouvoir accéder aux marchandises les moins chères du monde devrait être considéré comme un droit fondamental non négociable des pauvres. Ceux qui exercent des pressions en faveur du protectionnisme ne sont-ils pas implicitement contre les pauvres ?