Issues de "La Fête à Solhaug" d'Ibsen et de "La Femme de Sire Bengt" de Strindberg (qui s'est lui même inspiré de l'oeuvre d'Ibsen pour écrire une sorte de suite à son intrigue), ces "Fleurs Gelées", habilement assemblées par Léonard Matton, surprennent et séduisent à plus d'un titre, même si le travail de la compagnie A2R s'avère un peu jeune par moments.
Au quatorzième siècle, Margit, épouse d'un seigneur qu'elle n'aime pas, rêve de s'enfuir avec son amour de jeunesse retrouvé, Bengt, qui lui préfère sa soeur Sygne...
Ainsi commence cette histoire riche en rebondissements, étonnement située par les auteurs au Moyen Âge et joyeusement décalée par toute l'équipe du spectacle, grâce entre autres à d'extraordinaires et irrésistibles costumes colorés, surdimentionnés et gonflés à la mousse signés Agatha Ruiz de la Prada, ou encore à travers une musique originale traversant les époques créée par Jules Matton. Beaucoup d'humour et de second degré aussi.
La distribution est belle, énergique et talentueuse. Emmenés par le charmant Alexis Michalik, les comédiennes et comédiens Marjorie de Larquier, Julie Cavanna, Mathias Marty, Léonard Matton et Nicolas Saint-Georges se donnent à un rythme soutenu durant une heure trente.
Le spectacle se veut à la fois populaire et exigeant. Le but est souvent atteint.Les propos d'Ibsen et Strindberg, réfléxions sur le couple, la société, passent plutôt bien malgré une volonté de trop en faire, ou de trop en montrer, faisant parfois passer le spectaculaire avant le fond. Certaines scènes ou moments clés sont en effet peut-être traités rapidement. Je pense notamment à ce combat à l'épée beaucoup trop long et maladroit qui occulte des scènes plus intimes (et plus courtes) sur lesquelles le metteur en scène aurait pu s'attarder.
L'ensemble reste cependant à découvrir et à soutenir en ce début de deuxième partie de saison foisonnant de spectacles, car le travail est de qualité.
Photos : Ludovic Sigaud
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