Chose étonnante : Depuis le début de la polémique lancée par Manuel Valls sur les 35H00, le MEDEF ou la CGPME sont aux abonnés absents. Etonnant de la part de ceux qui n'avaient pas de mots pour les condamner !
Il est bien loin le temps où Laurence Parisot, en 2006, mettait au défi Thierry Breton d'abroger les 35 heures, qu'elle qualifiait de "catastrophe" pour la France !
Car depuis 2009, crise économique et application du "travailler plus pour gagner plus" (qui permet à un salarié, d'être exonéré de cotisations sociales sur les heures supplémentaires), le ton a changé : Laurence Parisot " (...) Ce serait très, très dommage de revenir en arrière" sur les mécanismes d'encouragement aux heures supplémentaires (...) " - L'Express
Même langage à la CGPME, autre opposante viscérale qui n'a pas hésité, par la voix de Jean-François Roubaud, le 23 décembre 2010 à déclarer : " (...) Rappelant qu'il s'était "battu contre les 35 heures" Il " a estimé que ce n'était "pas la peine de rouvrir le chantier aujourd'hui". "Je n'ai pas envie de rouvrir le débat avec les syndicats de salariés, parce que ça va faire des dégâts encore alors qu'on a retiré les charges sociales sur toutes les heures supplémentaires des entreprises, ce qui fait qu'on a quasiment réglé le problème (...) "
Clairement, supprimer les 35H00 reviendrait à remettre en cause nombre d'accords très avantageux pour les entreprises, comme l'annualisation du temps de travail et la flexibilité dans certains secteurs d'activité. Et aussi de remettre en cause ... les RTT.
Premier exemple : " Les 35 heures sont décomptées en heures de travail effectif et non pas en heures de présence dans l'entreprise. Le temps de travail effectif est le temps pendant lequel le salarié est à la disposition de l'employeur. Le salarié doit se conformer à ses directives et ne peut vaquer librement à ses occupations personnelles (...) " - Comptanoo Ce qui a permis de supprimer, dans de nombreuses usines, les poses qui ponctuaient la journée.
Autre exemple : Un texte de 2000 écrit par David Arveiller, "Conseil en organisation et ressources humaines"
" (...) analysons succinctement les principaux avantages offerts aux entreprises par la loi du 19 janvier 2000 : " (...) Si elle négocie un accord d’aménagement et de réduction du temps de travail, l’entreprise bénéficie de deux aides financières non négligeables, qui prendront la forme d’allégement de charges patronales de sécurité sociale (...) D’autre part, les entreprises qui négocient un accord bénéficient d’un régime de flexibilité tout à fait exceptionnel, dans la mesure où les membres les plus dynamiques de leur personnel (cadres de l’art. L 212-15-1 et 15-3 nouveaux du Code du Travail) pourront continuer à travailler bien plus que 35h/ semaine mais, à présent, en toute légalité (grande nouveauté !)
Quant aux autres salariés, la loi autorise également l’entreprise à les faire travailler plus de 35h pendant les périodes d’activité économique les plus intenses, grâce au système de l’annualisation (modulation des horaires).
Enfin, n’oublions pas l’élément primordial qui plaide en faveur d’une négociation rapide: l’amélioration du climat social (...) Comment penser, en effet, qu’une véritable négociation aboutissant à un surcroît de temps libre pour les salariés pourrait ne pas attirer les éléments de valeur dont l’entreprise a besoin et qui scrutent le Marché (...) "
La remise en cause des 35H00, souhaitée tant à droite que par Manuel Valls, est porteur pour les entreprises d'un climat de tension qu'elles souhaitent absolument éviter. En effet, il est assez improbable qu'après avoir accepté, nombre d'aménagements, en contre partie des 35H00, les salariés acceptent de les maintenir, en cas de retour aux 39 ou 40H00 !
Ce retour à l'ancien horaire se traduirait également par une demande immédiate d'augmentation de salaires compensatoires. Et ça, au MEDEF et à la CGPME, on le sait !
Ce qui permet de mieux comprendre pourquoi la CGPME affirme que : " (...) dans nos PME, les 35 heures c'est un problème qui a été résolu " et n'a surtout pas : " (...) envie de rouvrir le débat avec les syndicats de salariés, parce que ça va faire des dégâts (..) "
Mais probablement que Laurence Parisot et Jean-François Roubaud qui ont eu recours au service de Jean-François Copé pour faire annuler le projet de "dialogue social dans les TPE", trouveront les mots pour éviter que ça ne fasse : " des dégâts " !
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