Le dernier épisode du "mano-a-mano" entre le Clermontois Jamie Cudmore et le Perpignanais Grégory Le Corvec, qui a animé les gazettes sportives ces derniers jours, n'est malheureusement pas un cas isolé de violence dans le Top14.
Le moins qu'on puisse dire est qu'après avoir digéré la fameuse dinde de Noël, les rugbymen du championnat nous servent actuellement les marrons avec une prodigalité rarement égalée. Le visionnage de "Jour de rugby" ou la lecture des périodiques sportifs suffisent à convaincre d'un regain de violence dans un Top14 qui semblait pourtant quelque peu "pacifié".
On ne va pas se leurrer, le rugby Français a toujours eu la réputation d'être "dur" voire violent. Nombreux sont les témoignages de joueurs étrangers qui manifestent leur étonnement face à des pratiques dont ils n'ont pas forcément l'habitude. A cet égard, lors des matches internationaux, en particulier face aux All Blacks, les Français ont remporté quelques victoires (1986, 1999) en "chatouillant" leurs adversaires à la limite de la régularité.
Pour autant, le Top14 actuel est quand même très éloigné de ce que fut son ancêtre "amateur", et on ne reverra sans doute jamais des matches comme celui - fameux - qui opposa le RC Toulon à Bègles en 1991. Le professionnalisme est grandement responsable de cette évolution vers un rugby plus respectueux de la règle et qui reste désormais, la plupart du temps, d'une grande correction, celle-ci n'empêchant nullement l'engagement et l'intensité physique.
C'est sans doute pour cette raison que le regain d'agressivité observé ces dernières semaines ne laisse pas d'étonner. Les échauffourées sont nombreuses, les actes d'anti-jeu se multiplient, au point d'impliquer des joueurs qui, jusqu'à présent, n'avaient aucune réputation en la matière. On pense notamment au Castrais Romain Teulet.
La pression, plus forte, qui accompagne les joutes entre des équipes dont le niveau s'homogénéise, et entretenue par les dirigeants des clubs, est peut-être montée à la tête de certains. On peut également se demander si les difficultés d'arbitrage n'ajoutent pas un surcroît d'adrénaline. Moins cohérent, moins homogène, l'arbitrage en Top 14 ne favorise pas la sérénité des débats.
Toujours est-il que c'est pas à un "boxing day" auquel nous avons assisté mais bien à plusieurs journées de boxe. Ce qui n'arrangera pas les affaires de nos clubs si, par hasard, il venait à l'idée des "referees" Anglo-saxons, qui officieront lors des prochaines - et cruciales - rencontres de H Cup, de visionner les matches disputés ces dernières semaines. Rien de tel pour préparer psychologiquement Monsieur Owens et ses amis à considérer qu'un bon joueur de rugby Français est un joueur pénalisé...