Bien entendu, en écrivant cela, on s’expose à la colère légitime des lobbys anti-alcools et cela peut se comprendre. Pourtant et entre nous, tout en mettant en place des mesures fortes de prévention de l’addiction, il convient de changer le rapport à l’alcool et d’oser affirmer que bières, vins et eaux de vie sont des produits de culture, au sens propre, comme au figuré.
"Le vin et la vigne sont inséparables de notre culture"
L’exemple espagnol trace pourtant une voie au cœur de l’Europe. Bien que membre de l’Union Européenne, l’Espagne a adopté en 2003 la Ley 24/2003, de 10 de julio de la viña y del vino qui précise dans son préambule : "Le vin et la vigne sont inséparables de notre culture".
Cette loi fondamentale au sens constitutionnel du terme en Espagne comporte plusieurs chapitres dont il faudrait s’inspirer. Je retiens le premier même si les chapitres 2,3 et 4 de la Loi sont également fondamentaux
Le chapitre 1 autorise ainsi dans son article 4, les pouvoirs publics espagnols à financer des campagnes d’information et de promotion sur le vin, la vigne et le raisin sur le marché européen dans la limite de la réglementation nationale et européenne et en particulier en tenant compte de l’interdiction de promouvoir les boissons alcoolisées auprès des mineurs.
Promotion des boissons et lutte contre l’addiction sont compatibles
Imagine-t-on l’impact d’une telle mesure en France et en Alsace, imagine-t-on pouvoir écrire dans la Loi « Le vin, la vigne, la bière, le houblon sont inséparables de notre culture ».
Au-delà de la vérité de ces propos, l’impact économique, touristique, serait des plus forts. En Alsace, des milliers d’emplois dépendent ainsi de ces filières.
Face aux vins du Nouveau Monde, non bridés par la loi Evin et d’autres règles bruxelloises, la défense des terroirs, des traditions et des savoir-faire brassicoles et viti-vinicoles, passe par un autre regard. Un regard qu’il convient d’initier aujourd’hui avant que des lobbies et autres groupes de pression finissent par demander et obtenir l’arrachage de vignes et de pieds de houblon.
Le débat est lancé.
Stéphane Bourhis