Les images qui me reviennent du Tanztheater Wuppertal, je les ai vues sur des écrans : dans le film d’Almodovar, Parle avec elle, ou dans le documentaire consacré à Kontakthof dansé par des personnes âgées, film que j’ai vu au forum de Beaubourg il y a quelque temps, et le documentaire intitulé Rêves dansants, sur les pas de Pina Bausch que je viens de voir.
A chaque fois, j’ai ressenti une grande émotion, sans doute parce que le propos me touche directement : qu’il s’agisse de personnes âgées ou d’adolescents, c’est la rencontre des corps qui s’y joue, là où beaucoup de nos affects se décident. Nos hésitations, nos appréhensions, nos désirs, nos élans, nos retenues, nos violences, nos douceurs. Les personnes âgées avec leurs souvenirs, les jeunes avec leurs attentes, les uns et les autres avec leurs inquiétudes, leur générosité. Il faut aussi parler de l’attention qui leur est donnée par Jo et Bénédicte, les danseuses de la Compagnie qui les accompagnent dans leur travail. Les uns et les autres sortent de l’expérience transformés, porteurs d’une histoire partagée que le film, heureusement, nous transmet.
Il est donc question ici de transmission, un acte qui m’a toujours semblé très important, en particulier dans la danse, les corps n’étant pas tous les mêmes. Transmission d’une chorégraphie créée en 1978 et qui reste extrêmement actuelle. Le moment, dans le film tourné en 2008, Les rêves dansants, où Jo et Bénédicte, danseuses à la création, présentent aux jeunes une scène, enregistrée avec les personnes âgées en 2000, est, à ce titre, très significatif de cette transmission, de cette permanence.