Vu I'm Still Here dont le titre était déjà un gros indice.
Parmi les personnalités qui ont marquées 2010 il y a eu l'excellent comédien Joaquin Phoenix.
Fin 2008, celui qui s'est un jour appelé Leaf afin d'imiter sa soeur et son frère ainé (Rain et River), annonçait qu'il se retirait du monde du cinéma dégoûté par le côté superficiel du métier. Il demandait à son beau-frère, Casey Affleck, frère de Ben, amoureux de sa soeur Summer (l'autre soeur c'est Liberty, vous suivez toujours, Peace on earth?) de filmer sa retraite et sa nouvelle carrière de rappeur.
Il se laissait pousser la barbe, se laissait gonfler la bedaine, laissait son hygiène se détériorer, se commandait des putes sur le net, sniffait quelques lignes sous l'oeil de la caméra, se comportait en véritable trou de cul pour son dévoué entourage immédiat et pourchassait Puff Daddy afin que ce dernier produise son premier effort de rap.
Ce que Puff ne fera pas.
Il se produisait sur scène avec ses terribles chansons, attaquait son public qui l'injuriait et se rendait chez Letterman pour donner du corps à son personnage et à son documentaire. Sans le mettre dans le coup.
Ben Stiller lui donnait un coup de main dans le film et aux oscars.
C'est que toute cette histoire était un coup monté. Jamais Joaquin n'était devenu JP Joaquin, rappeur. Jamais il n'avait pourchassé Puff Daddy (qui était aussi dans le coup). Jamais il n'avait méprisé son entourage qui sont encore aujourd'hui sont ses meilleurs amis.
Le "père" de Joaquin dans le film est d'ailleurs le vrai père du réalisateur Casey Affleck et de son frère Ben.
J'ai toujours admiré les artistes qui, de par la nature de leur métier, sont nécessairement putes mais qui osent tenter de se réapproprier une partie d'eux-même par des gestes innatendus et audacieux.
Dylan en 1966 avec son "accident de moto"
Bowie en 1977 avec ses albums invendables aux radios
Radiohead avec ses albums anti-commerciaux au tournant des anées 2000 et leur album double gratuit (ou presque) sur le net.
Crispin Glover et sa drôle de carrière, peut-être involontaire.
Joaquin, que j'adorais déjà, est à mes yeux un grand acteur et ce film le prouve à nouveau.
On y croit et on est dégoûté par la nature du personnage qu'il compose.
En feignant une retraite qui a beaucoup fait jaser pendant 3 ans, il s'est offert la sainte paix par rapport aux attentes du public. Il a eu du fun avec son beau-frère et une méchante partie de plaisir avec ses amis. Plus les stations télés ont jasé de l'erreur de sa "nouvelle carrière", plus Phoenix et Affleck sentaient la victoire du faux documentaire prendre de l'ampleur.
I'm Still Here perd de son intérêt quand on sait tout ça mais peut-être pas tant que ça.
L'amoureuse ne savait pas que tout ça était faux et l'a maudit pendant tout le film. Elle avait toutefois envie de revoir le film à la fin quand je lui ai révélé l'arnaque.
C'est un peu ça le cinéma: nous mener en bateau.
Et Joaquin fût excellent à le faire.